Les usagers de terrain de football, sis à la cité Asecna de Yeumbeul Nord, accusent l’ancien maire, Daouda Ndiaye, d’être à l’origine de la vente de leur terrain et avertissent le nouveau maire.

Il est 17 heures et 37 minutes au terrain de la Cité Asecna de Yeumbeul Nord. A moins d’un quart d’heure de la fin de la rencontre Espagne-Costa Rica du 23 novembre, match comptant pour la première journée de la phase finale de la Coupe du monde pour le groupe E, des joueurs de l’ASC Lakalé, des élèves des écoles publiques et privées en uniforme, des enfants tournent autour du terrain. Si la plupart des enfants jouent au football, une petite partie est concentrée à la troisième rencontre de la journée avec beaucoup d’attention. Les enfants qui ne veulent rien rater regardent à travers l’écran géant installé au centre du terrain.

Parmi les enfants qui ont pris d’assaut dès le début, on voit une vingtaine de cadets en train de jouer dans le calme au football. Ces derniers ne ménagent aucun effort pour réaliser leurs rêves et défendre un jour les couleurs du Sénégal lors de la coupe du monde de football. Ils jouent sous le regard de leurs superviseurs, qui eux aussi, n’accordent aucune importance au troisième.

Le terrain est séparé en deux parties par des pneus récupérés pour accueillir le maximum d’équipes des quartiers environnants. Ces pneus servent tantôt de bancs de touches tantôt de barrières pour délimiter les deux terrains. Les entraînements se passent dans un terrain nu, sans clôture. Au niveau des buts, aucun dispositif de filets n’est installé. A l’intérieur du terrain, des personnes traversent, interrompent le match et, des fois participent au jeuet créent de la pagaille. Et si les élèves sortent des classes et souhaitent traverser le terrain, la situation prend une autre tournure et met le plus souvent fin aux matchs. Tout ça est dû à un manque d’espace réservé à la jeunesse pour les activités sportives.

Âgé d’une vingtaine d’années, le Secrétaire général de l’ASC Lakalé déplore le manque d’espace pour les activités des jeunes. « A Yeumbeul, à cause d’un manque d’espace, on note un déficit d’infrastructures qui touche tous les secteurs, à savoir le basket, le football, le handball. Même pour organiser des concerts, on est obligé de les faire en plein air », a expliqué Sidy Djité.

Vers les années 2010, la cité Asecna comptait plusieurs espaces réservés aux jeunes pour abriter des manifestations. Mais ces dernières années ces espaces ont été viabilisés et cédés par les autorités. « Il y avait ici de très grands terrains de football permettant à l’école de football (…) de faire ses cours. Lorsque des personnes ont commencé à réunir leurs matériels pour la construction, les jeunes ont résisté et cela a provoqué des manifestations. Par la suite, les autorités nous avaient promis un terrain municipal. Mais jusqu’à présent, on n’a rien de concret », a fait savoir Ablaye Sarr.

Les promesses n’ont jamais été réalisées. Plusieurs parties sont déjà vendues et les nouveaux propriétaires, même s’ils font face à la résistance des jeunes, disposent leurs droits en bonne et due forme. Si un des propriétaires a pu construire un bâtiment R+1 sur son terrain, les autres ne savent jusqu’à présent à quel saint se vouer. A chaque fois qu’ils entreprennent des initiatives pour la construction de leurs terrains, les jeunes procèdent aux sabotages en déplaçant les matériels de construction. « Nous allons continuer le combat pour empêcher les propriétaires de construire ici et ça vaut la peine puisque nous défendons les intérêts de la future génération. Nous sommes prêts à y laisser nos vies, a-t-il poursuivi. Si le propriétaire a pu construire ce bâtiment, c’est grâce à Daouda Ndiaye. C’est lui qui avait convaincu la jeunesse à laisser le dossier aux autorités pour trouver une issue heureuse. Alors qu’il avait un projet qui consistait à céder tous les terrains aux bailleurs ».

Sidy Djité est le Secrétaire Général de l’ASC Lakalé. Lui aussi a pris part à la séance d’entraînement des cadets. Il rappelle qu’en 2013, la jeune avait organisé des manifestations avec plusieurs politiciens de la commune pour défendre l’intérêt de la jeunesse.

« Avant l’élection de Daouda Ndiaye, nous avions planifié plusieurs manifestations avec lui pour dénoncer l’occupation illégale du terrain et exigé à ce que ce terrain soit réservé aux différentes ASC de la cité Asecna. Après avoir remporté l’élection, il est parti, tourné le dos à la jeunesse et fermé ses yeux face à ce problème », a rappelé Monsieur Djité avec regret.

Contacté le Directeur de publication, l’ancien maire de Yeumbeul Nord, Daouda Ndaiye, qui est mis en cause n’a pas souhaité faire une déclaration sur le dossier et a renvoyé la rédaction à la nouvelle équipe municipale.

Le terrain de tous les dangers fait office parfois de terrain d’EPS pour le lycée de Yeumbeul et certaines écoles privées. Le lycée El Hadj Ibrahima Diop qui dispose de cinq professeurs d’EPS qui doivent couvrir plus de 50 classes souffre d’un déficit d’infrastructure sportive également. C’est pourquoi il fait recours au terrain pour assurer un meilleur calendrier à ses élèves. Il a intérêt à ce que ce terrain revienne à la jeunesse de Asecna pour qu’il puisse bénéficier de cet espace dans le futur.

La zone 1 de Yeumbeul est restée presque deux mois sans jouer. Les conséquences sont désastreuses sur le plan local. Les Associations sportives et culturelles de cette zone doivent aller à Alassane Djigo ou Amadou Barry pour disputer leurs matchs. A Pikine, on privilégie les ASC du département. C’est pourquoi celles des zones 1 et 2 et 3 de Keur Massar sont obligées patienter et de perdre beaucoup de temps. ASC Lakalé a déjà introduit une demande et attend sa réponse pour effectuer son déplacement.

« C’est difficile de faire les déplacements à Pikine ou à Guédiawaye. Nous dépassons plus de 500 000 FCFA pour une seule journée à Alassane Djigo. Les charges deviennent beaucoup plus importantes si on a une rencontre à Amadou Barry à cause de l’accès qui est difficile. Si on n’a pas un match de haut niveau, on aura un grand souci pour avoir suffisamment de recettes », a déploré Badou Sarr, vice-président de la zone 1 et chargé de la formation et de la communication.

Lors de la dernière journée tenue à Guédiawaye, la zone 1 a dû dépenser 480 000 FCFA pour assurer toutes les charges liées à l’organisation des rencontres mais n’a réussi à mobiliser que 450 000 FCFA de recettes.

Pour accompagner la réussite des acteurs des activités sportives de Yeumbeul, les ASC demandent aux autorités des terrains équipés et répondant aux normes pour attirer plus de jeunes et lutter contre le banditisme, l’utilisation des produits alcooliques et la fréquentation des plages interdites à la baignade.

Les zones 1,2 et 3 de l’arrondissement de Yeumbeul enregistrent les meilleures performances. Les Associations sportives et culturelles – Niodeggo, Thiossane, Farba–sont les équipes les plus titrées au niveau national du département de Keur Massar. Mais le manque d’infrastructures sportives à fait que leurs exploits peinent à décoller et àparticiper aux différentes compétitions internationales.

By Oumar

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