Juriste spécialisé en droit minier, Mouhamed Fofana est un acteur de la société civile guinéenne. Dans une interview qu’il a accordée à la rédaction de Weer Bi, il invite les autorités guinéennes à préparer les communautés pour qu’elles puissent participer à la vison 2024.
Le programme Simandou 2040 est une initiative ambitieuse portée par le gouvernement guinéen, visant à transformer la Guinée en une nation prospère et équitable d’ici 2040. Ce projet s’articule autour d’un développement économique et social inclusif, avec pour objectif d’améliorer durablement les conditions de vie de tous les citoyens guinéens. Simandou 2040 se concentre sur des secteurs clés tels que l’agriculture, les infrastructures, l’énergie, l’industrie, l’éducation et la culture. Il s’agit de mobiliser toutes les forces vives du pays, en particulier les jeunes, pour qu’ils deviennent les moteurs de cette transformation. Ce programme s’inscrit dans une vision de croissance durable et de gouvernance vertueuse, avec une attention particulière portée à la création d’emplois, à la promotion de l’entrepreneuriat, ainsi qu’à l’amélioration des infrastructures de base.
Quelle analyse faites-vous du programme Simandou 2040 ?
La vision Simandou 2040 est un programme des autorités de la transition qui exprime à la longue une émergence de la Guinée à travers l’exploitation des jugements de fer de Simandou de la part de la société Rio Tinto et de SimFer. Ce programme est né après la visite du président de la transition en Chine.
Comment les communautés ont accueilli le programme Simandou 2040 ?
La vision Simandou 2040 nécessite un travail de terrain parce que pour le moment ce n’est pas une vision qui est aussi vulgarisée auprès des communautés. Les débats, les discussions, les réflexions sur le projet se tiennent au niveau de la capitale laissant de côté les autres parties de la population.
Est-ce que la société civile a prit part à l’élaboration du programme ?
La société civile, à travers la demande de certains journalistes, essaye de donner leurs avis par rapport à cette vision. Pour travailler dans un cadre collaboratif, pour voir réellement comment la vision peut être mieux élaborée pour atteindre les objectifs, la société civile n’ pas été associée aux travaux d’élaboration.
Qu’est-ce que les communautés pourront attendre de la vision Simandou 2024 ?
Les communautés attendent d’abord que les préalables soient bien établis et qu’elles soient bien imprégnées de ce que ça veut dire la vision et de ce qui peut être leur participation. Parce que, si on parle d’une vision de 2040 par rapport à la mise en œuvre, à la valorisation ou même l’exploitation du projet de fer de Simandou, il faudrait qu’il y ait la participation des communautés locales. Pour que ces communautés puissent participer à la vision, il faudrait qu’elles soient préparées.
La vision 2040 ne peut pas réussir si c’est seulement au niveau central. Il faut aller au niveau local pour rencontrer les populations et les expliquer le contenu. Si cela est bien fait, les communautés peuvent s’attendre à l’amélioration de leurs conditions de vie. Si les préalables ne sont pas bien élaborés, ça serait très prématuré de donner espoir aux populations par rapport à la suite de cette vision.
Comment les autorités doivent faire pour que la vision soit une réussite ?
A travers cette vision, beaucoup de personnes se posent la question de savoir « est-ce que la Guinée a les capacités nécessaires pour gérer ce projet ? ». Je ne douterai pas de la capacité du pays à la mise en œuvre du projet mais il faut associer toutes les parties prenantes, il faut faire des renforcements de capacités, il faut aller vers des échanges constructifs et vers une planification de développement très bien structurée.
Il ne faudrait pas attendre le début de l’exploitation pour élaborer des programmes de développement. Si toutes les dispositions ne sont pas prises à temps, on risque de faire des financements aléatoires improvistes. Cela peut créer des difficultés pour atteindre les objectifs fixés. Si toutes les parties prenantes sont associées, en terme de renforcement des capacités, en termes de planification de l’étude socio-économique de base dans toutes les localités concernées et que les actions sont planifiées en termes de développement économique et social, environnemental des changements des conditions de vies des populations.
Avec Oumar Ba (weerbijournal@gmail.com)