Le Secrétaire général de l’Alliance nationale pour le Changement, Alioune Badara Seck, le dernier né des mouvements patriotiques de lutte prône l’industrialisation de Keur Massar pour lutter contre le chômage et la pauvreté. Ce 46ème département, qui désormais expérimente la plupart des projets de développement, est confronté à un manque d’infrastructures éducatives, sanitaires et routières essentielles pour son émergence économique et sociale.

Alioune Badara Seck, le pacemaker de l’ANC qui fait référence au parti politiqueSudafricain, est ingénieur financier qui évolue dans une grande entreprise de télécommunication au Sénégal. Il est sorti de l’ESP (UCAD) avec un Diplôme universitaire de Technologie (DUT) qui lui a permis de travailler à la SONES avant d’aller aux USA pour poursuivre ses études et obtenir un MBA en ingénierie financière et travaillé dans l’une des plus grande institution de crédit américaine. Il est depuis 2016, Secrétaire général du Syndicat national des travailleurs de Sentel (ex Tigo).

Après son échec lors des élections municipales du 23 janvier dernier, ABS a finalement décidé de jouer, pleinement, les premiers rôles dans la politique pour des raisons spécifiques et précises. Son objectif est de lutter contre les inégalités sociales au Sénégal par l’application des axes prioritaires du projet de société de l’ANC (lutte contre le chômage et l’industrialisation de Keur Massar). Ce mouvement a vu le jour à Keur Massar en avril dernier et compte rayonner tout le Sénégal.

Dans un entretien qu’il a accordé à la rédaction de Keur Massar Actu, Monsieur  Seck se demande le rôle des autorités dans les inondations et les impôts dans l’insécurité, due à l’absence de l’éclairage public.

Oumar Ba : Vous avez procédé au lancement du mouvement l’Alliance nationale pour le Changement en avril dernier, comment est-il né ?

Alioune Badara Seck : Son lancement est en droite ligne avec les actes et les initiatives que nous avons prises depuis quelques mois notamment en nous présentant comme candidat à la mairie de Keur Massar Sud. Nous savons tous qu’au Sénégal, nous vivons une situation qui est assez particulière surtout pour les jeunes qui vivent une situation économique très difficile à savoir le chômage, le sous-emploi. Au-delà de ça, il y a d’autres difficultés que les populations vivent au quotidien (…).

Notre engagement a démarré ici à Keur Massar. Nous avons vu dans nos localités des difficultés que les populations vivaient au quotidien à savoir le manque d’infrastructures scolaires, sanitaires, le manque criard des fois même dans certaines zones de Keur Massar, vous vous retrouvez avec des écoles où on fait le double flux, vous retrouver avec des zones où il n’y a même pas d’électricité, où il n’y a pas d’eau courante. Donc tout a commencé là.

Étant allé au contact des populations, nous avons vu toutes les difficultés qu’il y avait et Dieu a fait que nous avons quand même réfléchi à un projet qui nous le pensons a la possibilité quand même d’aider et de soulager ces populations-là, de mettre le Sénégal, Keur Massar d’abord sur les voies du progrès mais globalement le Sénégal sur les voies du progrès. C’est pourquoi, nous avons décidé de prendre notre responsabilité parce que nous, on a toujours été éduqué comme ça. Devant les difficultés, on prend nos responsabilités si on a les possibilités quand même d’impacter positivement le vécu des populations et le vécu de nos concitoyens. C’est la raison pour laquelle, nous avons décidé de s’engager.

Pourquoi le nom de l’ANC qui renvoie au parti Congrès national africain de l’Afrique du Sud ?

On peut dire qu’il y a une coïncidence. Mais une coïncidence qui est aussi souhaitée. Parce que Mandela est une référence pour nous tous, jeunes africains. Nous étions jeunes quand Mandela était en prison et qu’il sortait en prison en 1992. On a vécu en direct les images. Ça nous a tous marqués. Son parcours également nous a marqués. Nous avons pris le temps d’étudier son parcours. Nous avons vu les sacrifices qu’il a faits pour son pays et nous avons besoin de ces références là en Afrique. Un chef d’État qui est élu et qui renonce à la possibilité de postuler une seconde fois pour un second mandat. Il pouvait le faire et il allait gagner certainement mais qui met en avant les intérêts de ses populations, il a sacrifié toute sa vie pour ses populations. Parce que Mandela aurait pu vivre sa vie comme un avocat, il aurait pu vivre sa vie comme tout ce qui était de la même classe sociale mais il a sacrifié cela. Ça lui a coûté une la prison, ça lui a coûté sa famille, sa vie de famille. Aujourd’hui, je pense que ce sacrifice n’a pas été vain si vous voyez tout ce qui se passe en Afrique du Sud.

Ce sont des références pareilles qu’on a ici au Sénégal bien évidemment. Donc le nom va en soi avec le changement que l’on voulait impulser ici au Sénégal. On s’est dit que c’est un nom qui est très approprié et qui est en phase avec nos croyances et notre position.

Êtes-vous de la mouvance présidentielle ou de l’opposition ?

Comme je l’ai dit lors de notre journée de lancement, nous ne sommes pas intéressés par les clivages politiques. Je pense que nous ne pouvons pas nous contenté de ces idéologies pour avancer.

Nous, nous sommes profondément ancrés dans nos valeurs traditionnelles sénégalaises et africaines et nous sommes des pragmatiques. C’est-à-dire, nous sommes pour ceux qui marchent pour les populations. Qu’est ce qui marche pour les populations ? Est-ce que c’est le socialisme ? On est avec. Est-ce que c’est le libéralisme, on sera avec. Mais nous sommes des pragmatiques qui n’avons que pour seule ambition le développement de notre pays et qu’on puisse régler tout ce qui est inégalité sociale dans ce pays. Mais les positionnements d’un camp ou d’un autre ne nous incombent pas. Mais bien évidemment pour tout ce qui sera élection où échéance électorale, nous prendrons position pour l’un ou l’autre des camps.

Et pour les prochaines échéances électorales ?

Pour ces prochaines échéances électorales, nous sommes en discussion très avancée avec les mouvements, avec des coalitions pour pouvoir y aller très rapidement. Parce que bien évidemment les dépôts de candidatures se feront la semaine prochaine. Nous avons postulé avec certaines coalitions avec ces discussions-là. Je ne pourrais pas ici dévoiler le contenu de ces négociations étant donné qu’elles n’ont pas encore abouti.  Mais sous peu, je pense qu’on pourra vous partager ces informations.

Concrètement, qu’est-ce que vous comptez apporter à Keur Massar ?

Nous sommes comme dans la droite ligne. Nous avions un projet pour Keur Massar qu’on avait présenté à toutes les populations de Keur Massar. Il y avait les populations de Keur Massar Sud, parce j’étais candidat à Keur Massar Sud. Je pense qu’il y avait quand même rencontré l’assentiment des populations pour régler le problème du chômage à Keur Massar.

Quand on est une autorité municipale, on a bien évidemment des compétences qui sont transférées. Certains vous diront la création d’emplois ne dépend pas de mes compétences transférées nous nous disons que ça c’est un c’est un c’est un faux-fuyant, c’est une fuite de responsabilité. Le développement se fait au niveau local. On ne peut pas attendre que le président de la République vienne ici à Keur Massar pour régler le problème du sous-emploi et du chômage pour les populations.

Il nous faut pousser au moins une vague d’industrialisation dans Keur Massar. Keur Massar ne peut pas avoir un taux de chômage qui va à la baisse ou bien des jeunes qui trouvent de l’emploi parce que Keur Massar n’a aucune entreprise, Keur Massar n’a aucune usine.

On ne peut pas régler le problème de l’emploi si on n’a pas des usines et des entreprises dans la localité. Bien évidemment on nous dira qu’il faut aller à Dakar trouver du travail. Tout le monde va à Dakar.

Est-ce que ce qu’on a comme offre d’emplois est suffisant pour les populations sénégalaises ? On est très loin du compte avec le taux de chômage qui est là. Donc régler le problème du chômage pour Keur Massar, régler le problème de la santé. On est en déficit d’infrastructures sanitaires ici à Keur Massar. Vous allez à Aladji Paté, 18 quartiers et les quartiers environnants, il n’y a même pas un poste de santé qui soit aux normes.

On va vers l’hivernage, on n’est pas encore prêt pour l’hivernage. Les mêmes problèmes que nous avions vécus l’année précédente risquent d’être les mêmes difficultés auxquelles les populations vont faire face cette année-ci. Un État ne se doit pas fonctionner de cette manière. On ne peut pas vivre une calamité une année et rester douze mois pour se préparer. Douze mois plus tard, on est encore dans la même calamité. Ce n’est pas responsable, ce n’est pas sérieux.

Les nouveaux élus, peuvent-ils régler les problèmes ?

Moi, je juge les gens aux faits. Il faudra qu’on les juge aux faits. Ils viennent d’être élus, il faut leur donner le temps également de prendre les rênes d’abord de la municipalité, de déployer le plan. On n’a pas encore vu le programme qu’ils souhaitaient mettre en place pour Keur Massar. Je ne veux pas aller trop vite en besogne, donnons-leur le temps de montrer ce qu’ils savent faire. Peut-être d’ici neuf mois ou un an, on pourra juger. Mais l’État, c’est une continuité. Il ne s’agit pas des nouveaux élus.

Le problème des inondations à Keur Massar s’est posé il y a deux ans de cela. On vit toujours les mêmes difficultés. Quelles sont les réponses concrètes qui ont été apportées à part le fait qu’on attend que l’hiver n’arrive pour nous amener des monopoles. Je pense que si on écoute les autorités aujourd’hui étatiques notamment le ministre en charge des collectivités territoriales, on a l’impression que le problème des inondations est réglé à Keur Massar. Il ne l’est pas.

Attendons le mois de juillet, août ou septembre pour voir ce que je suis en train de vous dire. Le problème n’est pas réglé. Je suis désolé. On est en 2022, on est à Dakar on ne peut pas être dans une cité où chaque hivernage, les gens sortent de leurs maisons et on attend qu’on nous amène des monopoles qu’on nous amène des tuyaux pour que les gens puissent se mettre là à être des pompistes pour pomper l’eau pour qu’ils puissent s’évacuer. Je suis désolé. Le problème des inondations doit être réglé par une canalisation. Il nous faut des canalisations dans cette cité-là. Sans ça, on ne se départira jamais du problème des inondations et pour le moment ces canalisations n’ont pas encore été faites.

Qu’est-ce qu’il faut à Keur Massar pour sortir de cette situation ?

Je ne peux pas être celui qui détient les solutions. Même quand je menais campagne, je proposais parce que je n’ai pas la prétention d’avoir toutes les solutions pour Keur Massar, ni pour le Sénégal. Par contre, je me dis qu’en tant que citoyen, de ce pays-là en tant que citoyen de cette commune, au regard également de mon vécu et de mon parcours, je peux bien rester chez moi faire comme tous les cadres qui sont là mais peut-être on ne m’a pas éduqué comme ça. Naturellement, je ne suis pas comme ça également. C’est pour cela que je me porte ma voix haut pour participer au débat qui se pose ici à Keur Massar et dans le Sénégal. Donc pour ce qui est de Keur Massar, de manière spécifique, ce que j’ai dit c’est la première chose. Le problème de chômage, il faut qu’on le règle et pour le régler, il nous faut des entreprises et des usines à Keur Massar.

Tous les pays qui sont développés le sont à travers l’industrialisation. Même les services, nous n’en avons pas à Keur Massar.

On avait proposé un schéma très clair pour ce qui était de l’industrialisation et du modèle économique que nous avions proposé aux partenaires locaux et étrangers pour qu’on puisse renflouer la dynamique au niveau de l’industrialisation et au niveau des entreprises de Keur Massar.

Pour ce qui est de l’insécurité, c’est un problème qui est très fréquent. L’insécurité est due au manque d’éclairage public. L’axe qui va de la Station à la Sédima est toujours obscur et pourtant chaque vingt mètres, vous avez des lampadaires mais ces lampadaires ne sont jamais allumés. Pour qu’il y ait l’éclairage public dans les quartiers, il va falloir que les résidents allument les lampes de leurs maisons. Où est l’État dans tout cela ? A quoi servent les impôts que nous payons, à quoi servent les autorités que nous avons élues pour quand même prendre les décisions pour notre compte.

Le problème des infrastructures scolaire et sanitaire doit également être réglé. Si nous voulons que nos jeunes puissent faire la compétition avec les meilleurs de ce pays où du monde, il nous faut le minimum de moyens pour nos écoles.

Nous avons un lycée qui compte plus de deux milles élèves dans le lycée de Keur Massar. Il n’y aucun bloc scientifique. On est à l’ère du digital, il n’y a pas de salles informatiques pour pouvoir au moins surfer sur l’internet ni de cours d’informatique (…). Vous ne pouvez pas avoir des scientifiques dans un lycée où il n’y a pas de laboratoire. Ce n’est pas possible.

Et après, le problème de manque criard de salle de classes se pose. Vous avez des effectifs de plus de centaines de personnes par classe. Et c’est le même cas également pour l’élémentaire. A Aladji Pathé, c’est également la même chose.

L’éducation est une priorité pour nous, pour le Sénégal et pour Keur Massar. Les problèmes sont là à foison et des solutions ont été proposées parce que nous ne faisons pas juste un listing de problèmes sans pour autant proposer des solutions.

C’est une dynamique qui doit être unitaire, qui doit être globale. C’est ce à quoi nous appelons tous les sénégalais qu’ils soient des jeunes, des femmes, des sages pour qu’ensemble on puisse aller dans cette dynamique là et essayer de trouver des solutions et les implémenter.

Il y a beaucoup de plans. Mais, on ne les implémente pas ou on les implémente mal. Le Plan Sénégal émergent est là vous m’avez tout à l’heure parlé du plan de développement et d’aménagement de Keur Massar dont je viens d’entendre parlé. Qui va les implémenter, comment on va les implémenter ? Est-ce que les synergies ont été créées ? Tous ces problèmes sont là.

Nous avons vécu sous l’ère du président Abdou Diouf. Il était le meilleur à mettre en place des plans mais c’était la période la plus difficile pour nous qui étions là. Je pense qu’il nous faut parler un peu moins et travailler un peu plus.

L’ANC sera de l’opposition ou du pouvoir ?

Comme je vous l’ai dit, nous ne voulons pas nous retarder dans les idéologies. Mais pour le moment nous sommes profondément ancrés dans l’opposition parce que nous ne sommes pas d’accord avec ce que le pouvoir est en train de faire.

Propos recueillis par Oumar Ba

Rédaction : 77 586 58 43

By Oumar

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *