Depuis quelques mois, des milliers de jeunes mauritaniens, sénégalais et d’autres pays de la sous-région quittent leurs pays pour aller aux États-Unis d’Amérique. Certains abandonnent leurs emplois, d’autres vendent leurs entreprises à la recherche de meilleures conditions de vie.

Les États africains ont mis en œuvre ces dernières années plusieurs initiatives pour lutter contre l’émigration irrégulière. Au Sénégal, le Ministère des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, à travers la Direction générale de l’Appui aux Sénégalais de l’extérieur, est allé au-delà des initiatives destinées à former des migrants de retour et potentiels migrants. Il a, en 2022, lancé un appel à projets pour le financement des activités génératrices de revenus des migrants de retour et potentiels migrants. Les fonds nationaux et régionaux (FNR) sont été attribués aux candidats retenus par l’entremise des Bureaux d’Accueil, d’Orientation et de Suivi (BAOS) à travers le projet Gouvernance, Migration et Développement (GMD). Les FNR sont financés par l’Union européenne et mis en œuvre conjointement par le Ministère des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur et la Coopération espagnole, AECID. Ciblant les 14 régions du Sénégal, les FNR visent à travers des activités innovantes et génératrices de revenus de lutter contre l’émigration irrégulière au Sénégal.

A Kolda (une région de la Casamance), par exemple, 36 migrants de retour dont la plupart étaient en Libye, au Maroc, en Algérie, Tunisie, Espagne, Italie, 18 potentiels migrants et 10 projets collectifs regroupant des migrants de retour et potentiels ont été appuyés dans le cadre de la mise en œuvre des fonds régionaux. Ces transferts sous forme de subvention s’élèvent à 60 millions de FCFA.

Les organisations non Gouvernementales et associations pour la protection des droits des migrants n’ont ménagé aucun effort pour limiter les départs de jeunes africains qui empruntent la mer méditerranéenne pour se rendre en Europe. Elles ont contribué à l’installation de l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes entre les pays européens et africains. L’objectif est d’aider les États membres de l’Union européenne et les pays partenaires de l’espace Schengen à lutter contre l’émigration irrégulière.

Malgré les différentes initiatives allant du financement des projets des jeunes africains aux mesures restrictives, les africains continuent d’emprunter des voies terrestres, aériennes et maritimes pour chercher de meilleures conditions de vie. Si certains préfèrent utiliser leurs propres moyens, d’autres bénéficient du soutien de leurs parents et proches pour se réfugier ailleurs. Parmi ces migrants, il y a des jeunes professionnels et de grands entrepreneurs capables de changer la situation dramatique que les pays africains sont en train de vivre depuis des décennies. Conséquences : fermeture des entreprises, destruction des emplois, fuite des cerveaux.

L’émigration régulière comme irrégulière des jeunes qui ont bénéficié de l’éducation et de la formation financées par les ressources publiques serait une menace pour cette jeunesse qui aurait pu vivre dans leur pays et à côté de leurs parents. Leurs compétences ne devraient pas être au service des pays étrangers qui n’ont pas participé à leurs formations.

Aujourd’hui l’État doit faire un diagnostic sans complaisance sur les facteurs explicatifs de ces départs forcés, les conséquences sur la création de richesse et les ressources publiques pour trouver des solutions et lutter contre cette émigration irrégulière qui agit négativement sur le développement économique du pays.

Par Oumar Ba (weerbijournal@gmail.com)

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