Le département de Keur Massar, devenu tristement célèbre à causes des crimes qui y sont commis, est depuis quelques années le berceau de la criminalité. Cette situation serait le fait de l’échec des premiers élus qui avaient promis de changer le quotidien des massarois.
Dans la nuit du 26 au 27 novembre 2022, Serigne Saliou, âgé de 22 ans, a été tué par des coups de couteaux par un jeune garçon qui habitait dans le même quartier que lui à Sante Yalla, dans la commune de Keur Massar Nord.
Un mois et 20 jours après, dans la nuit du 16 au 17 janvier 2023, c’est le tour d’un vigile en faction dans un quartier, à Grand Médine. Mbar Diouf a été tué par balle. Assurant la sécurité de la boulangerie et autres biens aux alentours de son poste depuis plus de 10 ans, Mbar a été sauvagement abattu par un groupe d’hommes qui voulaient braquer la boulangerie et le magasin d’à côté. Armés de pistolets et autres équipements jugés nécessaires pour défoncer des portes, les agresseurs avaient emprunté une voiture L200 pour passer à l’action.
Selon plusieurs témoins, une année avant, des agresseurs avaient ciblé la quincaillerie et emporté 5 000 000 FCFA. Une femme interrogée par la presse locale a soutenu que cet assassinat est le deuxième dans le quartier de Grand Médine et a rappelé que son fils a été tué dans le même quartier, il y a quelques années.
Le 12 février à MTOA, quartier sis dans la commune de Keur Massar Nord, Amdy Peulh fut tué par un repris de justice pour une affaire de téléphone portable. Agé de 25 ans, le jeune vendeur de poisson était parti pour assister à une soirée religieuse.
La liste est loin d’être exhaustive. Mais elle permet d’appréhender le niveau d’insécurité qui prévaut dans le 46ème département du Sénégal. Elle permet, aussi au moins, aux pouvoirs publics de mesurer l’ampleur de la situation de l’insécurité afin de mobiliser plus de moyens humains comme techniques pour renverser la tendance.
Oncle de Serigne Saliou, Bara Ndong Dane qui n’arrive pas à digérer l’assassinat d’un proche et porteur d’espoir, revient sur le comportement exemplaire du jeune Sérigne Saliou. « Serigne Saliou était un jeune gentil et sérieux qui n’avait aucun problème avec ses voisins, ses amis et camarades et les membres de la famille. Il passait tout son temps à sourire et avec un joli cœur », a-t-il raconté.
Selon Monsieur Dane, l’auteur du meurtre a été a plusieurs reprises arrêté par la police.
« Ce n’était pas une surprise lorsqu’on m’a donné l’information parce que je savait qu’il est capable de tuer et qu’il a grandi dans un milieu propice à la violence. Il était toujours avec des outils artisanaux très dangereux », a-t-il dit.
Lors d’une soirée religieuse organisée par Dane et ses camarades d’école coranique, l’autre du meurtre, pour perturber la séance de récital des Xassaides, avait activité son dispositif de Bluetooth. Interpellé par Dane, il l’attaque avec un objet tranchant en le blessant au niveau de la tête.
La famille de Serigne Saliou réclame toujours justice pour leur fils tué pour dissuader les autres criminels. Elle appelle les parents à œuvrer pour l’éducation de leurs enfants afin de protéger les autres.
Aujourd’hui avec l’échec des autorités, les jeunes de la cité Sante Yalla de Keur Massar Nord se regroupent pour lutter contre l’insécurité dans leur quartier. Ils organisent des rondes pour lutter contre les cas de vol et d’agression et identifier des suspects qui seront dénoncés.
Conseillère municipale à Keur Massar Sud et ayant vécu durant toute sa vie à Keur Massar, Marème Seck a constaté le développement de l’insécurité qu’avec les inondations de 2005 qui ont touché plusieurs localités de la capitale sénégalaise et occasionné des déplacements des personnes et des biens. Ces mouvements ont provoqué le développement démographique à Keur Massar à cause sa position géographique. Depuis les crimes ne cessent d’être enregistrés par les populations.
« Keur Massar est devenu un département tristement célèbre à cause des inondations, des agressions et des cas de vol. Les inondations de 2005 ont provoqué la densification du département et instauré un climat d’insécurité. Nous demandons la construction de postes de police supplémentaire, le renforcement du dispositif de l’éclairage public », a affirmé Madame Souaré.
Selon elle, la pauvreté et le chômage des jeunes, l’autopont de Keur Massar, la forêt classée de Mbao et les maisons abandonnées constituent les principaux facteurs de l’insécurité notée à Keur Massar.
Le maire de Keur Massar Sud demande aux autorités de renforcer les commissions dans le département de Keur Massar qui est devenu assez dense ces dernières années.
« L’insécurité est devenue aujourd’hui une très grande préoccupation à Keur Massar et partout dans le pays. Elle est accentuée par la pauvreté et le chômage. L’Etat du Sénégal doit prendre ses responsabilités pour mettre fin aux agressions. Les autorités doivent accompagner les collectivités territoriales avec la construction de commissariats. Il ne sert à rien de créer des communes sans postes de sécurité. A Keur Massar, nous avons besoin d’agents de police pour faire des patrouilles et des rafles pour anéantir les effets néfastes des personnes malintentionnées », a expliqué Mouhamed Bilal Diatta.
Nous avons tenté de joindre le président du conseil départemental de Keur Massar et le maire de Keur Massar Nord sans succès.
Cette partie de la banlieue dakaroise, populaire, a connu avant son érection en département plusieurs scènes d’agression mortelle. C’est pourquoi, elle fait partie des localités les plus tristement célèbres. En octobre 2018, un douanier et une femme ont été assassinés. Trois ans après, en 2021, un magasin a été a été cambriolé et 18 000 000 FCFA emportés par les agresseurs.
Source : Weer Bi