Le Sénégal va accueillir, en juin 2023, la neuvième conférence de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries extractives placée sous le thème « Transparence en Transition », une occasion pour faire un état des lieux des avancées dans l’utilisation des données dans la prise de décisions.
Dakar, la capitale de la République du Sénégal, va abriter la neuvième édition de la conférence de l’ITIE les 13 et 14 juin 2023. Cette grande rencontre, marquant le vingtième anniversaire de l’ITIE, va réunir plus de 1 000 parties prenantes pour dresser un bilan des progrès réalisés dans la publication et l’utilisation de données ouvertes pour éclairer les prises de décisions, l’analyse et le débat public sur la gestion redevable des ressources naturelles.
Plusieurs intervenants de haute facture, issus des gouvernements, de l’industrie, des organisations de la société civile, des universités et des centres de recherche, vont prendre part aux activités. Parmi eux, Macky Sall, Président de la République du Sénégal, Helen Clark, Présidente du Conseil d’Administration de l’ITIE, Barbara Dischinger, Directrice et Fondatrice de International Women In Mining.
L’Initiative pour la Transparence dans les Industries extractives a été lancée en 2002 lors du sommet mondial sur le développement durable à Johannesburg, en Afrique du Sud. Aujourd’hui, 52 pays mettent en œuvre la norme ITIE. Le Sénégal a rejoint les pays membres de l’ITIE en octobre 2013 et mis en œuvre par décret n°2013-881 du 20 juin 2013. L’une de ses activités principales est de renforcer l’accès à l’information dans le secteur extractif.
Plus de dix ans après la création du CN-ITIE, le Sénégal est toujours confronté à un manque criard de statistiques sur le secteur extractif. En 2021, il n’a pu couvrir que 26 sociétés dans la production de données nécessaires pour une meilleure prise de décisions par les autorités sénégalaises. Le rapport de l’ITIE 2021 montre le biais sur les statistiques du secteur fortement caractérisé par des emplois informels créés par des entreprises informelles où les femmes sont bien représentées. Il montre par exemple que les 26 sociétés sur 28 du secteur extractif sénégalais qui ont soumis leurs effectifs, en 2021, ont généré 10 249 emplois dont 781 femmes. En 2020, sur un périmètre de 26 sociétés, 9 409 emplois ont été créés dont 724 pour les femmes.
Selon la présidente de WIM-Sénégal, une organisation de la société civile qui regroupe les femmes qui travaillent directement ou indirectement dans le secteur extractif pour la promotion du leadership féminin, la représentativité des données laisse à désirer car il y a aujourd’hui plus de 315 autres entreprises qui ne sont pas concernées par le rapport de l’ITIE 2021. Madame Ndiaye avait accordé une interview à la rédaction de Weer Bi pour le numéro mars 2023.
« Le rapport de l’ITIE 2021 a permis de générer quelques évidences relativement à l’emploi des femmes dans le secteur. Il est important, aussi, de rappeler que ce rapport a un périmètre qui ne concerne que quelques entreprises (26) dont leurs chiffres d’affaires dépassent 200 millions de FCFA. Il y a aujourd’hui plus de 315 autres entreprises qui ne sont pas concernées par les résultats de l’ITIE où travaillent des hommes et de femmes », a expliqué Aida Diop Ndiaye.
Pour relever le défi dans la disponibilité des données, par exemple dans la production des données sensibles au genre, WIM-Sénégal compte mettre en place un indice de genre qui permettrait de suivre la situation des femmes et leur évolution dans le secteur extractif.
L’autre défi est relatif à la diffusion des informations dans les langues nationales. Dans un pays où la plupart des populations ne comprennent pas la langue officielle, le Français, il serait important de produire et de diffuser des informations dans les différentes langues nationales pour permettre aux sénégalais d’avoir une idée de la gestion de leurs ressources.
L’accès aux personnes ressources pour apporter leurs contributions dans la production des journalistes n’est pas encore facile surtout pour les professionnels de l’information et de la communication des institutions locales. Pourtant, l’ITIE œuvre pour le renforcement de la communication dans le secteur extratif. Le 5 janvier dernier, la rédaction de Weer Bi avait adressé une demande d’interview aux responsables de cette institution pour des besoins relatifs à un dossier sur son rapport 2021 sans succès.
A l’occasion de cette rencontre, les membres de l’ITIE organiseront leur Assemblée générale, le 12 juin, pour élire le Conseil d’Administration de l’ITIE 2023-2026.
Par Oumar Ba, weerbijournal@gmail.com