Le Président de la Coalition nationale Publiez ce que vous payez a soutenu jeudi 11 mai à Dakar que les zones qui abritent les exploitations minières sont en général les zones où les populations sont les plus pauvre.

« Nous avons interpellé le gouvernement sur un paradoxe que nous avons constaté sur le terrain. Le paradoxe, c’est que les zones qui abritent les exploitations minières sont en général les zones où les populations sont les plus pauvres », a soutenu Docteur Papa Fara Diallo.

Il prenait part au panel de haut niveau sur les ressources extractives organisé par l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives du Sénégal (CN-ITIE Sénégal). Placé sous le thème « la gouvernance du secteur extractif au Sénégal », cette rencontre est organisée en prélude de la 9ème édition de la Conférence mondiale de l’ITIE, du 13 au 14 juin à Dakar. Il entre dans le cadre du programme Transparence et Redevabilité dans le Secteur des Industries Extractives au Sénégal (TRACES) financé par l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International, USAID, à hauteur de 10 millions de dollars. Il est exécuté par Natural Resource Governance Institute (NRGI), l’ONG 3D et le Forum civil et vise à « accroître les mécanismes de transparence et de redevabilité dans les secteurs minier, pétrolier et gazier pour une meilleure gestion et distribution des revenus afin de bénéficier à tous les citoyens sénégalais ».

Selon le Président de la coalition PCQVP, il y a des mécanismes de redistribution des fonds miniers qui devraient permettre de corriger les paradoxes notés, mais malheureusement ces fonds ne sont pas opérationnels. Il a ajouté que les transferts infranationaux doivent être traités avec beaucoup d’intérêt par le gouvernement pour financer le développement local. « On ne peut pas parler de territorialisation des politiques publiques, si on ne permet pas aux collectivités locales d’avoir une capacité de mobilisation des ressources. L’une des premières sources de revenus des collectivités locales qui abritent les sites miniers, est des profits de la mine. Ce sont des fonds que l’Etat collecte, que l’Etat ne reverse pas », a-t-il ajouté.

L’Etat du Sénégal a d’autres moyens de redistribution des profits des entreprises minières. Il s’agit du fonds d’appui au développement local. Le FADL est relatif à la part de 0,5 % du chiffre d’affaires des compagnies qui se trouvent dans la zone minière qui doit être reversé à la collectivité territoriale. L’Etat intervient dans la mobilisation des ressources à travers des accords qu’il signe avec les compagnies pour le versement aux collectivités locales.

« Il y a des maires qui ne font pas leur travail et qui reçoivent de l’argent. La société civile a fait beaucoup de tort aux populations. Certaines organisations reçoivent de l’argent des entreprises faisant semblant de travailler pour les communautés et qui ne travaillent pas pour les communautés. Les entreprises doivent changer de stratégies », a dit Birahim Seck, Coordonnateur du Forum Civil.

Le président de la coalition PCQVP a cité un troisième « mécanisme qui n’est pas à la hauteur » des attentes des populations. Ce sont des dépenses sociales que les entreprises extractives font auprès des collectivités territoriales. « Ces fonts sont disparates avec peu d’impacts pour le développement économique local mais surtout pour les communautés qui vivent dans ces localités-là », a-t-il expliqué.

Dance les localités abritant les mines, les organisations des femmes, associations des jeunes et autres structures attendent beaucoup des entreprises et sociétés qui exploitent les ressources extractives. Leur objectif est de capter des retombées économiques pour assurer leur formation, l’éducation de leurs enfants, le financement des activités génératrices de revenus, la construction d’infrastructures de développement et des perspectives pour bénéficier des soins de qualité. Mais la réalité est qu’elles subissent des externalités négatives. Ils sont contraints de se déplacer pour céder leurs maisons aux entreprises, changer leur mode de vie et des fois de subir les effets du changement climatique.

Les conséquences sur l’environnement ont poussé le Docteur Diallo à soutenir que « l’environnement est le parent pauvre du secteur extractif ». Même si selon lui, il y a des efforts au niveau de certaines compagnies comme dans la région de Thiès où une compagnie a décidé de faire de la réhabilitation progressive.

« L’Etat ne fait pas de suivi qu’il devrait faire pour exiger de ces compagnies le respect des normes environnementales », a-t-il constaté.

Aujourd’hui, l’intervention des pouvoirs publics est nécessaire pour éviter, trois ou quatre décennies après l’exploitation des ressources extractives, que les futures générations ne subissent fortement les effets du changement climatique issus de l’exploitation de ces ressources.

« Pour que la paix sociale soit stabilisée, pour que la paix sociale soit durable, pour que l’inclusion soit une réalité, il faut que les entreprises viennent au niveau des conseils municipaux pour leur dire c’est quoi [leurs] besoins (…) et que l’entreprise s’engage à réaliser les besoins des populations sur la base d’un plan d’action en mettant en place un comité de pilotage qui va suivre la réalisation de l’entreprise au niveau des collectivités territoriales », a affirmé le Coordonnateur du Forum Civil.

Le Sénégal a également adopté la loi n° 2016-32 du 08 novembre 2016 portant Code minier qui a institué un Fonds d’Appui et de Péréquation aux collectivités territoriales, alimenté 20% des recettes provenant des opérations minières. Malgré toutes ces initiatives, les impactés des exploitations des ressources extractives peinent à tirer des avantages économiques de leurs ressources.

By Oumar

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