Quelques heures après la publication des résultats des élections législatives du 31 juillet, le vice coordonnateur de la coalition Yewwi Askan Wi du département de Keur Massar a accordé une interview à la rédaction de Weer Bi pour faire une analyse de la victoire de l’opposition, les conséquences de la cohabitation et mesurer l’impact des transferts d’électeurs sur les résultats dans le département de Keur Massar où la coalition Benno Bokk yakkar a perdu face aux candidats de Yewwi-Wallu.
Selon les résultats provisoires de la Commission nationale de recensement des votes, la coalition Benno Bokk Yakaar a obtenu 82 sièges. La coalition Yewwi Askan Wi totalise 56 sièges. Wallu Sénégal arrive en troisième position avec 24 sièges. Les coalitions Bokk Gis Gis/Liggey, ARR Sénégal et les Serviteurs (MPR) obtiennent chacune une siège.
La volonté populaire a prouvé que le Président de la République a perdu sa majorité populaire. Actuellement, il est devenu impopulaire dans ce pays. Ces élections nous le montrent aussi bien à Dakar qu’à l’intérieur du pays. Ce qui montre que l’inter-coalition Yewwi-Wallu est une bombe pour le parti au pouvoir.
Quel est le message délivré par les populations ?
Durant ces dernières années, il y a eu l’histoire de la troisième candidature de Macky Sall et la loi sur criminalisation de l’homosexualité, rejeté par les parlementaires de la coalition Benno Bokk Yakaar, d’une part. Des députés élus pour représenter le peuple à l’hémicycle se livrent à des débats orientés vers la défense des intérêts du Président et soutiennent qu’ils sont des députés du Président. C’est honteux.
La population qui a constaté les erreurs commises par les députés de la majorité a réagi pour rappeler à l’ordre toutes les personnes incriminées. Cette réaction s’est manifestée par une sanction à travers la victoire de l’opposition.
La cohabitation est devenue une réalité à l’Assemblée nationale. Quels sont ses avantages ?
Quand on a analysé les élections passées, on s’est rendu compte que si on avait réuni toutes nos forces on allait gagner dans plusieurs communes. Ce qui ferait mal à la coalition du pouvoir. Sur cette base, on a compris que cette union imposerait automatiquement une cohabitation à l’assemblée nationale.
La coalition Benno Bokk Yakaar avait 125 sièges lors de la 13ème législature. Cette fois-cielle perd et se retrouve avec 82 sièges à l’Assemblée nationale. Ce qui signifie que le pouvoir a perdu sa majorité parlementaire. L’inter coalition Wallu-Yewwi et les forces sont devenues majoritaires à l’Assemblé nationale. Donc la cohabitation s’impose et elle a un intérêt majeur dans cette institution.
Certains pensent que la cohabitation est une source de blocage mais tel n’est pas le cas. Elle va permettre de valider ou de rejeter, par exemple, certains projets de lois qui sont à l’encontre des intérêts des populations.
Les leaders de la coalition Yewwi Askan Wi s’inquiètent d’une possibilité d’un ralliement des députés élus avec les couleurs des partis de l’opposition à la mouvance présidentielle. Quelles sont les conséquences ?
Un député élu avec les couleurs d’une formation politique perd son mandat s’il quitte son parti. Mais avec le vote secret, certains pourront peut-être voter pour le parti au pouvoir. Pour imposer cette cohabitation, il va falloir que tous les élus restent dans les coalitions de l’opposition pour faire face à la coalition du pouvoir. Je ne pense pas que ces députés puissent trahir la volonté populaire qui est la rupture avec ce gouvernement.
Si certains députés trahissent les coalitions ou partis avec lesquels ils ont élus et rejoignent le pouvoir, la coalition Benno aura une majorité et pourra dans ce cas faire passer facilement ces projets de lois.
A la veille des élections législatives nous avons vu plusieurs leaders rejoindre la coalition Benno Bokk Yakaar. Malgré ces transhumances, le pouvoir n’a pas pu remporter la majorité par les urnes. Si on analyse bien, on se rend compte que les populations ont sanctionné les transhumants. C’est le cas à Thiès, dans la commune de Médina et dans les communes des Parcelles Assainies et d’Ouakam.
A Keur Massar, on a noté plusieurs cas de transferts d’électeurs. Quels sont leurs impacts sur les résultats ?
Dans la commune de Yeumbeul Sud, la coalition au pouvoir a progressé entre les élections législatives et locales. Cela est lié aux transferts d’électeurs. Nous avons rencontré lors du scrutin du dimanche des électeurs qui ne savaient pas où se trouvent leurs centres de vote. Ce qui prouve qu’ils ne résident pas dans la commune. Ils viennent d’autres localités du pays.
La coalition qui avait perdu les locales était en train de trouver des moyens pour se rattraper et réconforter le Ministre qui avait perdu les locales face à Bara Gaye. Malheureusement, pour lui, on a maintenu le cap et le score final est de 2-0. On les attend en 2024 pour réitérer notre suprématie au sein du département de Keur Massar
Malgré ces transferts, la donne n’a pas changé ?
Les Ministres de l’économie, du plan et de la coopération et du commerce et des petites et moyennes entreprises ont été sanctionnés par les populations du département de Keur Massar à cause de leurs positions sur les listes.
Pour tromper les populations, ils ont investi deux ministres à Keur Massar lors des élections municipales et législatives dont leurs postes ne sont pas compatibles avec les rôles de maire ou de député. Ils chercheraient juste des promotions. Les populations qui ont compris que certains ministres qui sont candidats ne seraient pas députés, ont refusé de voter pour des députés qu’elles ne connaissent pas.
Par la rédaction de Weer bi (weerbijournal@gmail.com)