Le Centre d’Excellence pour la Gouvernance des Industries extractives, CEGIEAF, de l’’Institut Catholique de Yaoundé (ICY) de l’Université Catholique d’Afrique Centrale, UCAC, a abrité du lundi 15 au vendredi 26 juillet au campus d’Ekounou-Ayéné la 13ème session de l’Université d’été sur la gouvernance des Industries extractives en Afrique Francophone.
Crée en 2011 au sein de la faculté des Sciences sociales et de Gestion de l’UCAC, le Centre d’Excellence pour la Gouvernance des industries extractives en Afrique Francophone est une initiative de l’UCAC et du Natural Resource Governance Institute (NRGI).
« Le CEGIEAF a pour objectif d’outiller un grand nombre de parties prenante, d’acteurs de la société civile, les médias et les parlementaires sur les questions de la gouvernance des industries extractives afin que ces informations puissent les aider à influencer de manière positive la gestion des ressources naturelles dans leurs pays respectif », a expliqué Luacin Nyassi TCHAKOUNTE, Capacity Development Officer du Think Thanl Natural Resource Governance Institute, NRGI.
Cette année, le CEGIEAF a formé 21 représentants des organisations de la société civile, des médias et des parlements sur les problématiques du secteur extractif du Burkina Fasso, du Cameroun, de la République Centrafricaine, de la Guinée, de la Côte d’Ivoire, du Mali, de la République Démocratique du Congo, du Sénégal et du Togo.
Chargée de programme au Gorée Institute, Houleymatou Baldé est venue du Sénégal. Elle a apprécié cette initiative. « L’objectif de cette participation est de renforcer mes capacités et mes compétences en matière de gouvernance des industries extractives, de la transition énergétique et aussi d’appliquer les compétences acquises dans le cadre de mon travail pour pouvoir influencer positivement la gestion des ressources extractives dans mon pays et au-delà », a-t-affirmé.
Awa Compaoré est membre du Secrétariat permanent de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries extractives (ITIE) du Burkina Faso. Elle a soutenu que cette formation va l’aider à mieux informer les populations. « L’objectif de ma présence ici au Cameroun, à Yaoundé, c’est vraiment pour renforcer mes compétences et mes connaissances sur le secteur extractif. (…) Nos pays regorgent n’énormes ressources naturelles et donc comment faire pour profiter des revenus issus de ce secteur. C’est une occasion pour moi de renforcer mes capacités dans ce domaine parce que mon travail consiste à informer les populations sur la gestion de ce secteur. Renforcer mes connaissances me permettrons de mieux informer la population Burkinabé sur le secteur minier. Plus je connais, plus je ferai mieux mon travail », a-t-elle ajouté.
Selon la participante du Sénégal, cette formation va renforcer les acteurs de la société civile et les permettre de faire des plaidoyers pour permettre aux communautés de participer à la gestion des revenus issus du secteur extractif pour améliorer les conditions de vie des populations.
« Les défis sont énormes. Nous avons commencé à exploiter nos ressources naturelles, il y a très longtemps et jusqu’à présent, nous restons dans la pauvreté. Nos pays n’ont pas évolué. Actuellement, il faudrait que la jeunesse puisse prendre conscience des nombreux défis qui existent dans le secteur minier. Si les jeunes sont conscients et exigent la redevabilité au niveau des dirigeants, je pense que beaucoup de choses pourront évoluer. Si les jeunes connaissent bien comment le secteur est géré, ils pourront exiger des gouvernants de prendre des textes juridiques ou des reformes qui pourront favoriser le développement de nos différents pays », a ajouté la responsable de la communication de l’ITIE Burkina Faso.
Le continent africain abrite les plus importantes réserves des ressources naturelles. Mais les pays les plus convoités occupent toujours les dernières places selon les résultats du rapport sur le développement humain. Par exemple, la République démocratique du Congo est le troisième producteur de cuivre dans le monde avec 10% des ressources mondiales. Selon la banque mondiale, la RDC figure parmi les cinq nations les plus pauvres du monde. En 2023, environ 74,6 % des Congolais vivaient avec moins de 2,15 dollars par jour.
Pour une meilleure gestion des ressources naturelles, le CEGIEAF a initié l’université d’été pour renforcer les capacités des pays francophone sur la gestion des revenus des ressources minérales.
« Le choix part du fait que la plus part des pays riches en ressources naturelles ont des indices de développement humain faible. On constate que nous avons le syndrome hollandais. Les pays riches en ressources naturelles sont parfois les pays où on trouve plus d’instabilité. Ce qui relève la question de la défaillance de l’Etat à pouvoir bien gérer ces ressources. Ce qui met en lumière le manque de transparence, la mal gouvernance qui prévaut dans ces pays.», a soutenu Monsieur Nyassi.
Cette année, plusieurs thèmes ont été développés. Parmi lesquels, l’encadrement des contrats, la fiscalité, les initiatives de bonne gouvernance et de transparence et d’impact de l’exploitation des ressources extractives sur l’environnement.
Elu en mars 2024, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a mis sur la table la problématique de la renégociation des contrats pétroliers et gaziers. Les organisations de la société civile ont salué l’initiative du président de la république qui vient renforcer le plaidoyer des africains qui sont les précurseurs de la nouvelle dynamique dans la gestion des ressources naturelle.
« Nous savons actuellement en Afrique qu’il y a un vent qui se lève sur la renégociation des contrats et cette discussion sur le contenu des contrats a cristallisé les échanges avec les participants parce qu’ils voulaient savoir les enjeux et les défis sur la renégociation des contrats, est-ce que les Etats sont prêts à renégocier leurs contrats dans un contexte où l’occident essaient de dicter sa loi dans ce secteur », a affirmé le Capacity Development Officer de NRGI.
Alumni de l’université d’été, le chercheur à l’Institut international sur l’environnement et le développement durable a apprécié l’engagement et la détermination du CEGIEAF pour la formation et la qualification des participants des pays francophone sur les ressources naturelles.
« C’est en 2013 que j’ai pris part au programme et depuis je suis de prêt et chaque année je me présente pour donner des cours ou rendre visite à aux organisateurs du programme. La qualité du programme est excellente. Chaque année, le CEGIEAF et l’Université Catholique accompagnés de NRGI montent en puissance en invitant des experts de haut vol capable d’édifier les participants qui viennent différents pays francophones. C’est un programme qui permet de jeter des bases, de penser et de voir autrement, d’être critiques sur la question des industries extractives et de pouvoir de retour dans les pays respectifs d’apporter des pierres à l’édifice ans la gouvernance des industries extractives », a dit Eric Bisil.
La transition énergétique en Afrique a été également au cœur des échanges entre les experts et les participants. « Il faut souligne que cette année et depuis trois ans au moins, le CEGIEAF a inclut dans ces formations les thématiques liées à la transition énergétique et nous pensons notamment aux minerais de transition », a justifié Nyassi.
L’ancien bénéficiaire de la formation du CEGIEAF et facilitateur a soutenu que la transition énergétique occupent une place centrale depuis un certain nombre d’années et qu’il est impossible de parler de transition énergétique dans les modèles actuels sans exploitation minière.
La représentante pays de NRGI a fait une présentation sur le genre et la transition énergétique et les défis et enjeux sur la transition énergétique socialement juste et inclusive en Afrique à l’occasion de la 13ème session de l’université. « Il était que question de comprendre quel peut être rôle des femmes dans le secteur extractif et de savoir comment le leadership de la femme peut contribuer à une transition juste et équitable en Afrique », a ajouté Nyassi.
Les organisateurs ont invité les bénéficiaires de cette formation à travailler davantage sur la gouvernance des industries extractives dans leurs différents pays pour une meilleure gestion des revenus des ressources naturelles.
Parmi une vingtaine de formateurs, quatre sont de nationalité sénégalaise. Il s’agit de Docteur Moustapha Fall, de Madame Aida Diop Ndiaye, de Pape Daouda Diene et de Abdoulaye Ba.
Par Oumar Ba (weerbijournal@gmail.com)
