Tête de liste majoritaire pour la coalition And Nawlé Sakali Sunu Gox à Yeumbeul  Sud, Docteur Ndeye Soukeye Gueye accuse l’équipe municipale dirigée par le maire sortant Daouda Ndiaye et les conseillers municipaux sortants de Malika d’être à l’origine de la délinquance foncière à Keur Massar. Elle appelle le conseil départemental à agir pour le bénéfice des populations.

Selon Docteur Gueye, la première priorité pour Babacar Gueye est de trouver un local pour abriter les bureaux du conseil départemental de Keur Massar.

Sur la problématique de la décharge de Mbeubeuss située à Keur Massar, la juriste interpelle le président du conseil départemental et son équipe pour la recherche de solutions afin que les impactés puissent avoir des retombées économiques.

Oumar BA : La coalition de l’opposition, Yewwi Askan Wi, a remporté les élections départementales et dans cinq communes de Keur Massar. Qu’est-ce qui explique cette victoire au lendemain de l’érection de Keur Massar en département ?

Docteur Ndeye Soukeye Gueye : L’opposition a gagné parce que les populations ont sanctionné la coalition au pouvoir, Benno Bokk Yakaar. Toute personne qui était investie sur les listes de la coalition Yewwi Askan Wi allait passait à  cause de cette sanction. Nous félicitons Yewwi Askan Wi et encourageons Benno Bokk Yakaar.

Le président Macky Sall est en fin de règne. Et généralement en fin de règle, c’est toujours comme ça, les populations en ont ras-le-bol. Parce que la demande sociale est toujours là. Nous somme dans la zone où il y a énormément d’inondations et chaque année, elles se répètent. Jusqu’à présent, l’Etat n’arrive pas à mettre fin à cette situation.

En 2012, on avait beaucoup d’espoir chez Macky Sall et malheureusement en 2021 les inondations ont produit beaucoup de dégâts. Dans la banlieue, les jeunes sont dans le chômage à cause  du déficit au niveau de la formation. C’est très compliquer pour eux. C’est cette demande sociale qui explique la défaite des candidats au pouvoir.

Est-ce que cela veut dire que les maires élus ne sont pas des maires de la situation ?

Je ne dirais pas qu’ils ne sont pas des maires de la situation. En tout cas, les populations ont voté Yewwi. Est-ce que les maires peuvent régler les situations ? Wait and see ! Attendons de voir s’ils peuvent apporter des solutions aux différents problèmes constatés partout dans le département. Si on a voté Yewwi, c’est parce qu’on a voulu sanctionner Benno Bokk Yakaar. La question qui se pose est alors de savoir s’ils seront à la hauteur des attentes des Massarois ?

Yeumbeul Sud a porté son choix sur Bara Gaye pour un deuxième mandat. Pourtant lors de son premier mandat, il n’a pas pu apporter des réponses aux préoccupations des populations de sa commune. Comment pouvez-vous expliquer sa réélection ?

Yeumbeul Sud a voté pour lui pour un deuxième mandat. Il était là avec la problématique des inondations, des voiries, du cadre de vie. Est-ce que ce qu’il n’a pas fait en sept ans, il pourra le faire en cinq ans ? C’est une interrogation que les gens doivent se poser.

Le ministre de l’Économie du Plan et de la Coopération a perdu face à un candidat de l’opposition. Les populations de Yeumbeul Sud ont-elles rejeté son programme ?

Le Ministre Amadou Hott  est un homme respectueux qui avait un projet de société comme nous. Il est membre de la coalition du pouvoir. Et les populations voyaient en lui Benno Bokk Yakaar. C’est normal qu’il soit sanctionné.

Le fait d’être avec Benno Bokk Yakaar est-il malheureux donc ?

Je ne dirais pas qu’il est malheureux d’être avec Benno Bokk Yakaar mais ils sont sanctionnés.

Nous, nous avons osé aller seul, sans être accompagné de quelqu’un. Nous avons pris notre courage en deux mains. Nous nous sommes lancés et nous sommes arrivés troisième derrière Yewwi Askan Wi et Benno Bokk Yakaar. C’est un signal fort. Nous évaluons notre score et notre exploit parce que c’était un challenge et ce n’était pas évident d’aller seul.

Pour les autres candidats, c’est à eux de faire leurs évaluations et l’autocritique.

Le premier président du conseil départemental de Keur massar a été installé le 10 février, dans ses nouvelles fonctions. Quelles sont ses priorités ?

La première priorité pour le conseil départemental est d’avoir un siège. Il est regrettable de constater que le conseil départemental n’a pas de siège. Même pour l’installation du conseil départemental, il a fallu emprunter une salle dans un lycée. Donc le local pour la prise de décisions, faire des délibérations et statuer est une première priorité.

A Keur Massar, il est urgent de faire quelque chose pour éviter que les dégâts causés par les précédentes inondations se reproduisent. Nous constatons que les travaux sont là. Mais il y a des zones où on a rien fait. Bientôt les hivernages. Nous sommes au mois de mars, dans deux ou trois mois la pluie va arriver et si on fait garde, ça sera du pareil au même.

La problématique de Mbeubeuss est encore là. L’ensemble des ordures de Dakar sont déversées à Mbeubeuss sans contrepartie. Que gagne le département de Keur Massar par rapport à cette décharge ? Nous avons accepté d’être le réceptacle des ordures et c’est un problème sur lequel le conseil département doit très rapidement réfléchir afin de trouver des solutions.

Aujourd’hui il y a énormément d’urgences à Keur Massar, le 46ème département du Sénégal. Il s’agit du problème du littoral, du chômage des jeunes et du bradage du foncier. Le conseil départemental doit revoir sa copie. Il doit essayer de voir là où il n’y a pas de lycée pour y remédier comme à Yeumbeul Sud.

Sur le bradage du foncier à Keur Massar, qui sont les responsables ?

Généralement ce sont les anciennes équipes municipales qui sont responsables. Avec l’ancienne équipe municipale à Yeumbeul Nord et Malika, des terrains ont été bradés. Il est important de revoir tout ça au bénéfice de la population.

Sur la question foncière à Yeumbeul Sud, le maire élu était conseiller municipal lors du précédent mandat. Est-ce que les populations ne sont pas trompées en votant Bababcar Ndao ?

Les populations ne se sont pas trompées. Elles ont voté pour Yewwi. Est-ce qu’elles savaient pour qui voter pour trouver des solutions à leurs problèmes ? Peut-être non. Peut-être qu’il fallait voter Yewwi pour changer la gestion municipale. Il est important pour le conseil département de relever le défi, ne ce reste que pour sa crédibilité. Il faut qu’on essaye de voir tout ça parce que ce 46ème département en a besoin.

Est-ce que le nouveau maire de Yeumbeul Nord sera à l’aise avec l’affaire des 23 hectares ?

Il est élu pour apporter des solutions. Sa première préoccupation, c’est d’apporter des solutions. Est-ce qu’il est comptable de l’ancienne gestion et à quel degré de responsabilité ?

S’il n’était pas comptable pourquoi il n’a pas dénoncé ? Autant de questions qu’il faudra souligner. Je pense qu’il est prêt à répondre à ça. Je crois surement qu’il apportera des correctifs nécessaires parce que Keur Massar en a besoin.

Nous n’allons plus parlé de Yeumbeul Nord, Malika. Nous sommes dans un raisonnement holistique. C’est le département dans sa globalité qui nous intéresse.

Le conseil département a-t-il les moyens pour relever les défis ?

Le conseil département a été élu pour apporter des solutions. Si vous demandez et on vous donne, c’est à vous de chercher des moyens pour la politique de développement. Il doit avoir les moyens de sa politique. Il doit être capable de trouver des solutions.

Nous (ndlr : conseillers départementaux) avons l’obligation d’apporter des solutions. Nous devons montrer à la population qu’elle n’avait pas tort de nous choisir et dans n’importe quelle situation. Il me semble qu’aujourd’hui que le conseil départemental doit normalement être à mesure d’apporter des solutions nécessaires pour le rayonnement du 46ème département. Parce que c’est un nouveau département. Nous ne devons pas rater le départ. Si le conseil rate le départ, c’est fini pour nous.

Est-ce-que le problème noté lors de l’élection des membres du bureau ne pourra pas perturber l’organisation du conseil départemental comme à Guédiawaye ?

Les conseillers départementaux ici de la coalition YAW ont choisi les quatre vice-présidents et les trois secrétaires élus et ils vont gouverner. Le seul bémol est que lors de l’élection des membres, on était obligé d’aller jusqu’au troisième tour pour départager les candidats de Yewwi. C’est-à-dire les candidats issus du PUR, du PASTEF etc.

Le spectacle lors de l’installation du conseil était désolant et aberrant. Nous sommes restés dans la salle jusqu’à 23 heures pour élire uniquement sept personnes.

Quels sont les enseignements à tirer de ces élections ?

Nous avons constaté qu’il y a une mésentente entre les gens de Yewwi Askan Wi. C’est une très grande préoccupation. Si pour choisir un vice-président, ils n’étaient pas d’accord avant de venir à l’élection. C’est assez grave.

L’autre enseignement, c’est qu’ils n’ont pas voulu céder une parcelle de leur pouvoir aux autres coalitions (BBY, Geum Sa Bopp, and Nawlé, Buntu Bi etc.). Aucune des autres coalitions ne fait partie du bureau. Les Yewwi se sont accaparés de tout le bureau. Il serrait assez élégant de laisser un ou deux postes aux autres coalitions. Ils ont gagné, ils vont gouverner et nous allons arbitrer.

Quels sont les avantages des nouveaux services mis en place dans le nouveau département ?

Le fait d’avoir un conseil départemental est un avantage parce qu’il doit être plus proche de la population. Avant, les populations étaient rattachées aux services de Pikine. Bientôt, nous aurons notre budget. Les services sociaux de base seront plus proches. Par exemple, Keur Massar doit avoir un Hôpital de niveau 1, des lycées digne de ce nom, un tribunal département, et la gestion sera plus directe et plus proche des populations.

La départementalisation de Keur Massar est une chose assez acceptable. Avons-nous les compétences nécessaires pour bien dérouler ? C’est ça la question.

By Oumar

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