Cinq mois après la mise en service de l’autopont de Keur Massar, les commerçants des communes de Keur Massar Nord et Keur Massar Sud subissent les effets néfastes de l’autopont de Keur Massar.
Reportage par Oumar Ba
A un peu moins d’un quart d’heure de l’appel à la prière, un vendeur d’accessoires téléphoniques à Aïnoumady 1, un quartier de la commune de Keur Massar Sud, tient un balai et un sachet de plastique et se dirige vers la sortie de son magasin. Son objectif : évacuer la poussière et rassembler toutes les ordures qui occupent la devanture de sa place. Cette activité est devenue périodique puisque les voitures et les personnes qui passent devant ces boutiques, axe Jaxaay-Parcelles-Malika, provoquent de la pollution sonore et de la poussière qui détériorent leurs marchandises.
Âgé d’une trentaine d’années et de taille courte, le vendeur de produits destinés aux utilisateurs de téléphones portables, impuissant devant les embouteillages créés davantage par l’autopont de Keur Massar ne mâche pas ses mots.
« Il y a une petite amélioration de la circulation. L’autopont n’a pas produit des effets escomptés. Il n’a fait que provoquer et augmenter l’émission de poussières. Les travaux d’aménagement ne concernent que la hauteur de l’autopont. C’est pourquoi, la coupure de l’axe et les nids-de-poule n’ont fait que compliquer la tâche », a dit Babacar avec regret.
A quelques mètres du point de chute de l’autopont, on voit partout des nids de poule. Ce qui provoque la poussière et l’encombrement de la voie publique.
L’autopont de Keur Massar, 2 x 2 voies, occupe un linéaire de 203 mètres. Il est raccordé à 403 mètres de brettelles et prend la direction Malika-Jaxaay. Son coût est estimé à plus de 10 milliards de FCFA.
La construction de cette infrastructure, initialement prévue pour apporter des solutions, est devenue un grand problème chez les commerçants et les locataires des deux communes.
Avec l’absence d’espace pour le stationnement et les arrêts autorisés, les chauffeurs occupent désormais cet axe pour tantôt faire monter ou descendre leurs clients, tantôt, stationner leurs véhicules pour faire leurs courses. Ainsi, ils encombrent les voies publiques et perturbent les activités des commerçants.
« Maintenant, avec l’absence d’arrêts, nos devantures sont devenues des arrêts. Les voitures qui les utilisent nous empêchent de travailler. Nos clients éprouvent d’énormes difficultés pour se frayer le chemin et accéder aux marchandises. Ce n’est pas bon, c’est zéro. On ne vend plus », lance-t-il.
A moins de deux mètres de l’autopont, ce sont des maisons envahies par les eaux de pluie qui attirent l’attention des passants. Aux abords de l’axe secondaire qui part de l’autopont pour rejoindre le marché de la cité des enseignants et continuer sur les cités Sotrac et Aladji Pathé, les eaux stagnantes ont déjà changé de couleur et sont devenues d’abri pour certains microorganismes. Elles obligent certaines personnes à ériger de petites passerelles pour accéder à leurs maisons. A défaut de cette solution, elles sont obligées de marcher des centaines de mètres pour contourner les obstacles créés par l’autopont.
Détenant un bail à la cité des enseignants, un commerçant fustige la mise en place de l’autopont qui a bouleversé leur quotidien.
« On n’a jamais noté cette situation. C’est la première fois qu’on a eu ces inondations. Pendant la saison des pluies, on n’arrivait même pas à accéder à nos magasins à cause des eaux stagnantes. Parfois, on était obligé de patauger pour ouvrir nos boutiques. On ne voyait plus de clients. Parce qu’ils ne voulaient pas barboter pour acheter quelque chose dans nos magasins », a dit Mor Ndiaye.
Les embouteillages et les inondations ont causé beaucoup de torts aux jeunes qui s’activent à Keur Massar. Sur le plan financier, ils ont noté une forte baisse de leurs recettes et une augmentation des dépenses de transport de marchandises.
Un vendeur de tissus soutient qu’avant la construction de l’autopont, il faisait à peu près deux heures pour amener leurs biens à destination. Actuellement, ce temps est multiplié par deux. Parfois, il est obligé de recourir aux services des personnes détenant des pousse-pousse pour aller du garage à sa place en traversant l’autopont.
Si aucune initiative n’est prise par les pouvoir publics pour protéger ces petits commerçants, des centaines de jeunes risquent de mettre fin à leurs activités et devenir, par ricochet, un danger pour la république. Puisqu’ils feront face aux tentations de l’émigration irrégulière, à l’agression ou à d’autres formes d’activités interdites par la loi.