Si au Sénégal et en Afrique au sud du Sahara, des jeunes se battent jour et nuit pour traverser les océans à la recherche de meilleures conditions de vie, Samba dit Samaro Diao, quant à lui a préféré rester dans son pays natal pour combattre l’émigration irrégulière et soutenir les migrants de retour grâce aux soutiens de la Direction générale de l’Appui aux Sénégalais de l’extérieur, DGASE, une structure du Ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur à travers son projet de la Gouvernance Migration et Développement, GMD.

Né en 1982 à Kolda, Samba dit Samaro Diao a grandi à l’absence de son père qui est mort lorsqu’il avait juste un an. D’une famille modeste, Samba n’a jamais baissé les bras. Il a travaillé dur pour réaliser ses rêves malgré les contraintes économiques et sociales qui pesaient sur ces épaules. Entre les chantiers en construction et les gares et marchés, il n’a laissé aucune occasion pour se faire de l’argent afin de soutenir sa maman, financer sa scolarité et acheter des kits scolaires et habillements pour protéger son image.

Cet engagement lui a valu une réussite dans tous ses projets et lui a permis d’être à l’abri des tentations, de tendre la main et ou de vivre loin de certains individus sans objectifs. Après cet exploit, Samba Diao s’est illustré dans la lutte pour la protection des droits des enfants à travers une association « La joie des Orphelins » qui est devenue par la suite, un centre d’accueil, d’écoute, d’orientation et de transit pour migrants de retour et enfants en situation de vulnérabilité de Kolda.

« Ce qui m’a poussé à mettre en place cette association, La joie des Orphelins, c’est le fait d’avoir perdu mon père à l’âge d’un an. J’ai beaucoup souffert durant mon enfance. Je faisais de la maçonnerie, je vendais de l’eau pour pouvoir m’en sortir, payer des kits scolaires, acheter des habillements, assurer ma restauration. C’était très compliqué pour moi », a-t-il expliqué.

La Joie des Orphelins est née en 1997 à Kolda. Son objectif : protéger les enfants orphelins des difficultés de la vie. Elle vise à sensibiliser les enfants des dangers de l’émigration irrégulière. C’est ainsi que son président fondateur a jugé nécessaire de participer au combat contre les traversées du désert et des océans. Mais cette lutte nécessite beaucoup de moyens. Puisqu’elle demande des moyens techniques, des locaux et ses équipements et d’une ressource humaine adéquate et sensible aux besoins des cibles.

Pour continuer son combat, Samba Diao a en 2005 réussi au concours pour devenir volontaire de l’éducation. Après la formation, il a été affecté au lycée Alpha Molo Balde de Kolda. C’est ce statut de fonctionnaire qui lui a permis de contracter un prêt dans une institution de microfinance. Ce premier financement était destiné à l’acquisition d’un terrain pour abriter les locaux de son association. Deux ans après, il introduit une nouvelle demande de crédit pour la construction d’un bâtiment. La terrasse a été dédiée aux enfants vulnérables et migrants de retour.

Depuis 2005, la maison de Monsieur Diao qui est devenue le siège de La Joie des Orphelins fait l’office d’un centre d’accueil, d’écoute, d’hébergement, d’accompagnement juridique et sanitaire, de réinsertion scolaire et professionnelle pour les enfants vulnérables, des migrants de retour et des potentiels migrants de la région de Kolda.

Dans cette maison, les migrants de retour sont accueillis avec la plus grande joie de La Joie des Orphelins. Ils reçoivent une prise en charge psychologique, des soins et sont préparés pour réussir leur retour à la maison familiale.

Samba dit Samaro Diao a eu l’opportunité en 2011 de traverser les frontières sénégalaises et de vivre la réalité de l’émigration en Italie. Durant son voyage, il a fait une formation en maintenance informatique. Après cette formation, il a choisi de rentrer au pays pour continuer son combat contre les mauvaises conditions de vie des orphelins. Ce qui a surpris plus d’un. Cette décision, bien réfléchie et courageuse, lui a valu d’être traité de tous les noms d’oiseau. Ses proches ne voulaient pas son retour à cause des opportunités qui se trouvaient dans les pays européens.

Dix ans après son premier voyage en Europe, il traverse encore les frontières et atterit d’abord en Espagne et ensuite en France. L’objectif était de trouver des partenaires techniques et financiers pour renforcer ses capacités d’accueil, d’orientation et de formation pour les jeunes de la région du Kolda et du Sénégal.

En 2021, quelques jours après son retour, son association, La Joie des Orphelins, reçoit des subventions de l’Organisation internationale pour les Migrations dans le cadre de son projet de sensibilisation sur les causes et les conséquences sur l’émigration irrégulière. C’est dans cette perspective qu’elle a eu à organiser des activités de sensibilisation dans plusieurs lycées de Kolda. Elle a par ailleurs reçu du matériel informatique de l’OIM pour l’équipement du centre.

La Direction générale de l’Appui aux Sénégalais de l’extérieur avait lancé en 2022 un appel à projets pour la subvention des potentiels migrants et des migrants de retour. Les Fonds nationaux et régionaux de lutte contre l’émigration irrégulière entrent dans le cadre du projet Gouvernance Migration et Développement. Ils sont financés par l’Union européenne et mis en œuvre conjointement par le Ministère des affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur et la Coopération espagnole, AECID. Ciblant les 14 régions du Sénégal, les FNR visent à travers des activités innovantes et génératrices de revenus de lutter contre l’émigration irrégulière au Sénégal.

Selon le responsable du Bureau d’Accueil, d’Orientation et Suivi de Kolda, 36 migrants de retour dont la plupart etaient en Libye, au Maroc, en Algérie, Tunisie, Espagne, Italie, 18 potentiels migrants et 10 projets collectifs regroupant des migrants de retour et potentiels ont été appuyés dans le cadre de la mise en œuvre des fonds régionaux. Ces transferts sous forme de subvention s’élèvent à 60 millions de FCFA.

Samba Diao qui avait présenté le projet « formation pour les migrants de retour et les potentiels migrants en entrepreneuriat, technique agricole, maraîchage, élevage, transformation des fruits et légumes » et qui cible les régions de Kolda et de Sédhiou a été sélectionné. La Joie des Orphelins a bénéficié d’une enveloppe de 10 000 000 FCFA.

« Ce projet a permis de renforcer la résilience économique par la réduction du taux de chômage, la création de nouveaux emplois et l’augmentation du revenu des ménages. En ce qui concerne la résilience sociale, nous pouvons noter que les migrants se sont remis de leur traumatisme dû à l’échec du voyage. Il a aussi favorisé le bien-être des migrants, de leur famille et de leur communauté », a expliqué Mamadou Ndour.

Les secteurs d’investissement qui attirent le plus les bénéficiaires du projet de la GMD sont l’élevage (73,33%), l’agriculture (13,33%) et l’artisanat (10%). La pisciculture et les services viennent en dernière position avec respectivement (2,5%) et 0,84%).

Selon Monsieur Ndour, ce projet a permis de fixer des migrants de retour et jeunes potentiels migrants qui croient maintenant à la réussite dans leurs localités.

Cette enveloppe va permettre au bénéficiaire d’acheter des équipements destinés aux formations dans le domaine de l’agriculture, du maraîchage, d’élevage, de la transformation des fruits et légumes et en entrepreneuriat.

« La joie des orphelins dit merci à la Direction Général de l’appui des Sénégalais de l’Extérieur (DGAES) et le BAOS de Kolda pour cette confiance en mettant ces fonds à leur disposition pour les permettre d’offrir ces formations  aux migrants de retour et les potentiels migrants des régions de  Kolda et  celle de Sédhiou », avait écrit Samba Samaro Diao sur sa page Facebook lors d’un atelier de formation en entrepreneuriat, sensibilisation sur les risques et dangers de la migration irrégulière organisé le 9 Mai dernier.

Au paravent, Samba dit Samaro Diao avait créé une entreprise dans sa région pour participer à la lutte contre le chômage des jeunes. Le restaurant du migrant sis au marché Mame Diarra de Kolda emploie aujourd’hui une dizaine de migrants de retour et fait la fierté des partenaires de La Joie des Orphelins.

Pour contribuer à la réussite de Samba Diao, le maire de Koulinto, commune située dans le département de Médina Yero Foulah, a affecté une dizaine d’hectares à La Joie des Orphelins pour renforcer sa résilience. Le bénéficiaire lance un appel aux personnes de bonne volonté, aux institutions nationales et aux organisations non Gouvernementales pour un accompagnement financier et technique en vue d’exploitation cette superficie.

Le président de La Joie des Orphelins veut développer une ferme intégrée pour assurer aux jeunes potentiels migrants et migrants de retour des emplois durables capables de les apporter des retombées économiques pour subvenir à leurs besoins, d’une part. Cette surface permettra à Samba Diao de renforcer son centre pour une meilleure prise en charge des besoins des jeunes cibles dans la formation sur l’agriculture et l’élevage, d’autre part.

L’objectif de Samba Diao reste toujours le même depuis 1997, année de création de La Joie des Orphelins : Comment faire pour retenir les jeunes au Sénégal ? Parce, selon lui, les jeunes peuvent trouver une meilleure vie au Sénégal. « Tout ce que nous faisons en Europe, nous pouvons le faire ici et réussir. Il suffit juste d’avoir un accompagnement, une bonne vision et un très bon projet », a-t-il lancé.

Avec la collaboration de la Direction générale de l’Appui aux Sénégalais de l’extérieur, La Joie des Orphelins a pu former 211 migrants dans différentes filières. 30 jeunes ont été formés dans l’agriculture, 28 dans le maraîchage, 64 dans l’entrepreneuriat, 25 dans la transformation des fruits et légumes. Elle emploie une vingtaine de migrants de retour et potentiels migrants pour la mise en œuvre de son plan d’action.

Par Oumar Ba, weerbijournal@gmail.com

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