Au Canada, la section de protection des réfugiés a enregistré, à la date du 6 décembre 2023, 1 226 demandes d’asile de sénégalais, un nombre jamais enregistré depuis plus de dix ans.

Les services de la section de protection des réfugiés du Canada ont reçu plus de demandes d’asile de la part des sénégalais en 2023, selon Professeure Dieynaba Ndiaye. Les demandes sont passées de 44 en 2014 à 1 226 en 2023. « A la date du 6 décembre 2023, 1 226 demandes d’asile de sénégalais ont été déférées et transmises à la section de protection des refusés qui reçoit toutes les demandes d’asile au Canada », a-t-elle dit.

La Directrice de l’Observatoire sur les Migrations internationales, les Réfugiés, les Apatrides et l’Asile prenait part au panel sur la problématique de l’émigration organisé, par le Regroupement Général des Sénégalais du Canada (RGSC) sur l’émigration au Canada : enjeux, défis et perspective.

Plusieurs facteurs expliquent la recrudescence de l’immigration au Canada. L’insécurité plusieurs régions, les changements climatiques, les crises économiques et politiques ont poussé des milliers de personnes à se déplacer. Dans le monde, près de 3,6 % de la population mondiale vit dans des pays autres que leurs pays d’origine. « Il y a des changements climatiques qui poussent les populations à devoir se déplacer par ce que les ressources pour vivre n’existent plus », avait affirmé Francesco Cavatorta, professeur à l’Université de Laval en Sciences politiques, dans une émission de « questions sans frontières » de l’UQAM et de l’Ulaval.

Source : banque mondiale

58 demandes ont été retirés ou annulés par les demandeurs. A la même date, 1 369 demandes de sénégalais sont en instance. « De plus en plus, les gens arrivent avec des visas de tourisme. Une fois à l’aéroport, ils présentent des demandes d’asile pour bénéficier de la protection internationale », a ajouté Madame Ndiaye.

Le Sénégal figure dans le top 4 des pays qui bénéficient de l’aide du gouvernement du Québec dans le cadre du Programme régional d’accueil et d’intégration des demandeurs d’asile (PRAIDA).
« Le Sénégal a connu par le passé des mouvements migratoires. C’est le cas dans les années 2000 où des milliers de sénégalais subsahariens quittaient le pays avec le phénomène barsa-barsakh pour aller en Espagne par la côte. Aujourd’hui, certains empruntent la côte atlantique, le Nicaragua, la Mexique et les USA, des parcours assez complexes et compliqués pour venir Canada », a-t-elle rappelé.

Depuis le début de l’année, plusieurs milliers de subsahariens ont emprunté la route migratoire Nicaragua-Mexique pour entrer aux USA. Beaucoup de sénégalais ont suspendu leurs activités génératrices de revenus pour chercher de meilleures conditions de vie. « La situation sociale ne favorise pas les conditions permettant aux jeunes de pouvoir rester dans le pays pour trouver un emploi descend, a constaté la Directrice de l’Omiras. La jeunesse de la population et le manque d’opportunité poussent plusieurs personnes à vouloir quitter le pays pour avoir de meilleures conditions de vie ».
Selon le Recensement général de la population et de l’habitat, le Sénégal compte plus de 18 millions d’habitants. Les jeunes représentent 75 % de la population a moins de 35 ans.

Source : ANSD, RGPH-5

Madame Ndiaye plaide pour une sensibilisation des décideurs politiques pour arrêter les stéréotypes et la stigmatisation envers la jeunesse qui fait face à la crise économique, la pression sociale et l’inflation. « Puisque les solutions proposées ne répondent pas à leurs attentes, ils sont obligés d’aller ailleurs pour pouvoir prendre en charge leurs préoccupations », a-t-elle conclu.

Par Oumar Ba (weerbijournal@gmail.com)

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