Dans une interview exclusive accordée à la rédaction de Keur Massar Actu, le Chargé de communication du Rassemblement des Fils d’Aveugles du Sénégal réclame la mise en place des classes inclusives dans toutes les écoles, la construction d’écoles spécialisées dans toutes les communes et menacent d’ester en justice toute personne qui manquerait de respects aux fils d’aveugles et les familles .

Ousmane Diaw, le chargé de communication du RAFAS est un conseiller municipal à Yeumbeul Sud.

Keur Massar Actu : Dans quel contexte est né le RAFAS ?

Ousmane Diaw : C’est en 2017 que les fils d’aveugles qui se trouvaient dans la région de Kaolack avaient eu l’idée de créer un groupe WhatsApp dénommé « Si la Bokh Family ». C’est ce groupe qui s’est étendu de manière naturelle et très spontanée dans les autres endroits où se trouvent les autres fils d’aveugles. Donc, c’est ce qui a suscité notre réflexion à créer un cadre commun pour nous regrouper. Ainsi, nous avons créé le RAFAS officiellement en 2019.

Quels sont les objectifs du RAFAS ?

Comme tout mouvement, le RAFAS s’est fixé des objectifs. D’’abord, créé des cadres de dialogue et de concertation qui vont nous permettre de se connaître physiquement en tant que frères et sœurs mais aussi élaboré une dynamique unitaire pour l’amélioration des conditions de vie des personnes aveugles et leurs familles.

Nous nous sommes aussi fixés des objectifs de nous aider mutuellement sur le plan social, économique, éducatif et culturel.

Parmi les objectifs, on peut noter, aussi, la promotion des jeunes aveugles mais aussi des personnes et des fils d’aveugles afin de permettre à la population de mieux connaître cette couche-là et de pouvoir mieux la respecter.

Le RAFAS, est-il représenté dans la diaspora ?

Le RAFAS est bien représenté d’abord au niveau national parce que nous sommes présents dans huit régions du Sénégal sur les quatorze et aussi au niveau international.

Dans la diaspora, vous retrouverez le RAFAS en Italie, en France, en Arabie saoudite, en Allemagne mais aussi au Maroc.

Quelles sont les principales activités du RAFAS ?

Le RAFAS organise chaque année  durant le mois de ramadan, une conférence décentralisée. Chaque année, on choisit une région pour y abriter des conférences mais aussi des semaines culturelles.

Nous organisons ces activités pour permettre à nos enfants de mieux s’épanouir.

Nous organisons, également, des journées de remises de fournitures scolaires aux enfants aveugles et à nos enfants de manière générale.

Nous faisons aussi des tournées dans les régions où le RAFAS est représenté et dans d’autres régions pour la mise en place des cellules pour les aveugles.

Avez-vous le soutien de l’État dans la mise en œuvre des projets pour les fils d’aveugles ?

Pas totalement mais nous sommes en train de faire des démarches au niveau des institutions de l’État pour avoir des soutiens qui vont nous permettre de mieux nous organiser et de mieux structurer notre organisation mais aussi de pouvoir financer toutes nos activités de manière indépendante.

Nous sommes en train de travailler avec le 3FPT (Fonds de Financement pour la Formation professionnelle et technique) pour bénéficier d’offre de  formations pour nos membres qui sont à Dakar et dans les autres régions du Sénégal.

Quels sont vos projets à long terme ?

Nous avons signé tout récemment une convention avec le 3FPT pour former nos membres qui sont à Dakar et dans les régions.

Nous sommes, également, en train de travailler dans la recherche de partenariats pour la construction d’écoles spécialisées d’éducation des jeunes aveugles. Parce ce que, de manière générale, l’éducation inclusive occupe une place très importante dans notre organisation.

L’Etat a fait quelques choses mais ça reste beaucoup.

Dans l’éducation inclusive, c’est des ONG qui travaillent en partenariat avec l’Etat pour mettre en place des classes inclusives.

Ce que nous voulons, c’est que l’Etat prenne en charge entièrement le dossier pour construire les écoles entièrement spécialisées à l’éducation des jeunes aveugles. C’est ça qui est beaucoup plus important que d’avoir une école inclusive à Guédiawaye, par exemple,  et laisser de côté les autres communes.

Les jeunes aveugles qui sont à Yeumbeul, pour aller à l’école, sont obligés forcement d’aller à Guédiawaye (école 23) pour apprendre. C’est anormal.

A Keur Massar, ces enfants  sont obligés soit d’aller à Rufisque, soit à Thiaroye. C’est inadmissible.

Nous demandons à l’Etat de construire des écoles ou de mettre en place des classes inclusives dans toutes les écoles qui existent au Sénégal.

Par exemple, l’enfant qui habite à Yeumbeul, pour aller à l’école doit aller jusqu’à Guédiawaye. Ses parents se confronteront à des problèmes de transport.

Transporter un enfant aveugle de Yeumbeul à Guédiawaye ou à Rufisque coûte cher. Je pense que nos parents n’ont pas assez de moyens pour assurer ce budget.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?

D’abord nous n’avons pas de siège social avec des bureaux bien équipés pour pouvoir traiter nos dossiers convenablement et y tenir nos réunions. Nous demandons à l’Etat de nous accorder des subventions pour le financement de nos activités.  

Ensuite, nous avons un manque criard de logistiques pour aller dans les régions. Nous réclamons des voitures pour aller, par exemple, au nord et au sud du pays pour rencontrer et sensibiliser notre communauté.

Un poste, entièrement, dédié aux fils d’aveugles est-il une nécessité ?

Nous réclamons des postes nominatifs ou électifs. Parce qu’avec un fils d’aveugle, nos préoccupations seront bien prises en compte et cela va faciliter tout le travail entre l’organisation et l’Etat.

Parce qu’il connaît déjà les problèmes que nous rencontrons. Nous demandons, à travers cette interview, à l’Etat de nommer un fils ou une fille d’aveugle qui va nous représenter dans certaines institutions de la république.

Pourquoi pas une direction générale ? pourquoi pas un député ou une députée à l’Assemblée nationale pour représenter le peuple, de manière générale et les aveugles et leurs familles de manière particulière.

Les artistes utilisent souvent votre handicape pour passer leur message. Quelle est votre réaction ?

Tout récemment, on a suivi une vidéo qui aurait manqué totalement de respect à l’endroit des personnes aveugles et leurs fils. Une artiste comédienne a tenu des propos irrespectueux et totalement gravissimes à l’encontre de cette couche là. C’est ce que nous dénonçons avec toute notre force.

Nous lançons un ultimatum à tout récalcitrant. La prochaine fois, nous allons esther en justice toute personne qui aurait manqué de respect à nos parents ou à nous-mêmes en tant que fils d’aveugles.

Tous les fils d’aveugles du Sénégal condamnent fermement et seront prêts à traduire en justice toute personne qui manquerait du respect à leur communauté.

Votre dernier message ?

Nous remercions l’ensemble des populations du Sénégal pour leur contributions et rappelons que  le rassemblement des fils d’aveugles est parmi ces populations.

Nous travaillons de manière générale à défendre les intérêts des personnes aveugles.

Nous lançons un appel à toutes les personnes de bonne volonté, aux hommes politiques et à l’Etat pour nous accompagner dans le combat que nous menons en faveur des personnes handicapées qui font partie intégrante de la société afin qu’elles puissent subvenir à leurs besoins dans la dignité.

Par Oumar Ba

Rédaction : 77 586 58 43

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By Oumar

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