• Entre 2018 et 2022, seules 3 600 femmes sur 44 435 ont été recrutées dans le secteur,
  • Entre 2021 et 2022, les femmes ont perdu 41 postes,
  • En 2022, le nombre de postes créés pour les hommes est de 11 contre 1 pour les femmes.

Le secteur extractif sénégalais emploie peu de femmes. Entre 2018 et 2022, les femmes n’ont occupé que 8,10% des postes contre 91,90% pour les hommes. Ce faible taux n’est pas loin de celui mondial selon lequel la part des femmes travailleuses dans ce secteur est estimée à près de 10%.

Selon le rapport 2022 de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives au Sénégal (ITIE-Sénégal) publié en décembre 2023, sur 8 977 emplois créés dans les 26 sociétés qui ont soumis un formulaire de déclaration, seules 740 sont occupés par des femmes, soit 8,24%. Parmi les cadres supérieurs, il y a 81 de femmes contre 696 cadres de sexe masculin. La situation ne s’est guère améliorée depuis 2018 en dépit des campagnes de sensibilisation de la société civile.

Source : rapports ITIE-Sénégal 2018-2019-2020-2021-2022 et visualisation d’Oumar Ba

Sur l’ensemble des emplois créés en 2022, les travailleurs de nationalité sénégalaise représentent 95,2% des emplois générés par le secteur extractif, soit 7 827 hommes et 715 femmes. De 2018 à 2022, le taux d’occupation des femmes sénégalaises dans le secteur des mines et des hydrocarbures n’a jamais atteint la moyenne mondiale. Dans le monde, les personnes de sexe féminin représentent environ 10% des salariés du secteur de l’exploitation minière à grande échelle selon le rapport de l’Organisation internationale du travail, 2021, sur « les femmes dans l’industrie minière : Parvenir à l’égalité hommes-femmes ».

Source : rapports ITIE-Sénégal 2018-2019-2020-2021-2022 et visualisation d’Oumar Ba

Coordonnatrice de la Cellule genre du ministère des Mines et de la Géologie, service désormais transféré au ministère du Pétrole, des Energies et des Mines depuis avril 2024, Lena Diédhiou Goudiaby a déploré la persistance des inégalités, malgré les efforts entrepris par les autorités pour lutter contre les discriminations dans l’accès aux emplois. 

« Le secteur extractif a longtemps réservé une place peu enviable aux femmes. Il est en effet dominé par les hommes et très marqué par des inégalités de genre. Malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics depuis quelques années pour corriger ces disparités hommes/femmes, la présence des femmes dans ce secteur reste encore faible », a-t-elle constaté.

Cette situation est essentiellement due, selon elle, par le fait que (i) le secteur extractif ait été longtemps considéré comme le domaine des hommes du fait du travail pénible, (ii) à l’absence de prise en compte des besoins spécifiques des femmes dans les politiques publiques surtout lors de la budgétisation, (iii) le niveau d’éducation des femmes rurales qui est encore faible et (iv) l’absence de statistiques fiables et sensibles au genre, en vue d’un meilleur rééquilibrage hommes/femmes.

Les femmes de toutes nationalités confondues sont aussi faiblement représentées dans le secteur extractif au Sénégal. Au total, elles représentent 8,24% en 2022 contre 91,76% pour les hommes. Même si ce taux a connu une faible hausse, soit 0,62% par rapport à l’année 2021 avec 7,62%, la présence des femmes dans le secteur extractif reste toujours faible et peine à dépasser 09% de l’effectif total.

Répartition des emplois créés, nationaux et étrangers, au Sénégal entre 2018 et 2022

Source : rapports ITIE-Sénégal 2018-2019-2020-2021-2022 et visualisation d’Oumar Ba

« La faible représentation des femmes dans le secteur extractif est juste une autre ramification de leur sous-représentation dans les instances de prise de décision ainsi que dans des domaines précis dans lesquels leur contribution pourrait être d’une valeur ajoutée considérable », a expliqué Woré Ndiaye, spécialiste du plaidoyer au niveau mondial pour l’inclusion sociale dans les Objectifs de développement durable.

Source : ANSD et visualisation d’Oumar Ba

La situation des femmes dans les mines reflète celle des instances de décisions au Sénégal. Entre 2018 et 2022, la proportion de femmes ministres est inférieure à 30%. « De manière générale, les femmes sont sous-représentées aussi bien comme électrices que dans les fonctions dirigeantes, au sein des assemblées élues, ou encore dans l’administration publique, dans le secteur privé et dans le monde universitaire », a soutenu Adjaratou Wakha Aidara Ndiaye, Directrice Exécutive de l’Ong Partner s West Africa (PWA).

Selon Madame Woré Ndiaye, il y a beaucoup de facteurs qui expliquent la faible présence de femmes dans le secteur extractif. « D’abord, cela est dû à une raison structurelle : pas assez de jeunes filles dans les séries scientifiques, ce qui fait qu’elles sont faiblement représentées plus tard dans les formations qui les mènent à ces filières. Ensuite, il faut noter que les personnes qui y sont font face à de nombreuses discriminations qui les amènent, soit à ne pas maximiser leur performance, soit à quitter le secteur. Enfin, beaucoup de femmes ne sont pas informées ou préparées à occuper l’espace qu’elles peuvent y avoir. »

Houleymatou Baldé est chargée de projet « Gouvernance des ressources naturelles » à Gorée Institute, Organisation qui plaide pour des politiques publiques intégrant une approche de genre. Elle est l’auteur de l’article sur « les inégalités de genre dans les communautés impactées par les activités extractives en Afrique de l’Ouest : les implications des dispositions légales ». Elle soutient que la faible présence de femmes dans le secteur extractif au Sénégal est liée à la nature des emplois (perception des emplois comme dangereux et physiquement exigeants), aux opportunités limitées, aux stéréotypes de genre et à l’accès limité à la formation et à l’éducation.

La maternité, un facteur d’inégalité

Entre 2019 et 2022, le pourcentage de femmes cadres supérieures dans les emplois créés a connu une amélioration. Il est passé de 7,85% en 2019 à 10,42% en 2022, soit une hausse de 2,57%. Cette tendance qui fait sortir la faible présence de femmes cadres dans le secteur extractif reflète celle des femmes dans tous les niveaux d’emploi au Sénégal et dans le reste du monde.

« On voit très peu de femmes embarrasser le secteur extractif car elles préfèrent des secteurs qui ne nécessitent pas beaucoup de travail de terrain. La géologie demande des activités de terrain très poussées. Les femmes ont également des contraintes liées parfois à la maternité ou à des idées conçues par la société et qui les poussent à choisir des études supérieures moins longues et qui ne nécessitent pas beaucoup d’efforts physiques », a expliqué Demba Seydi, ancien coordonnateur régional de l’ONG Publiez ce que vous payez pour l’Afrique francophone.

Il soutient par ailleurs que le secteur extractif est relativement nouveau au Sénégal et il est peu connu dans l’économie sénégalaise. C’est pourquoi il ne propose pas beaucoup d’opportunités aux femmes.

Le Sénégal a commencé à explorer ses ressources minières au début des années 2000. C’est en 2009 qu’il a commencé l’exploitation de ses ressources.

Monsieur Seydi a constaté que le secteur extractif est caractérisé par des discriminations entre les sexes limitant l’accès équitable des femmes aux emplois du secteur. « Dans le recrutement, les hommes qui sont dans toutes les chaînes de valeur de l’industrie minière ont tendance à obtenir beaucoup plus d’emplois que les femmes pour des considérations liées à la maternité. Il y a des compagnies, généralement pour ne pas avoir de longues périodes de maternité, qui préfèrent employer des hommes au détriment des femmes. Les entreprises ne veulent pas souvent recruter des personnes à qui on donne régulièrement des congés de maternité », ajoute-t-il.

Les travailleurs dans les carrières en milieu rural sont obligés de rester sur le terrain au moins pendant un mois et demi. Ils ont droit après l’exécution des tâches à un congé de deux semaines avant de reprendre les activités. « Travailler en dehors des centres urbains pendant au moins 45 jours pour prendre ensuite un break de deux semaines et retourner sur le terrain n’est pas une chose aisée pour la grande majorité des femmes », a-t-il ajouté.

La plupart des femmes qui travaillent dans le secteur extractif sont souvent dans des emplois moins qualifiés et moins rémunérés, d’après Léna Diédhiou Goudiaby. « Les femmes sont principalement impliquées dans le concassage, le drainage, le lavage, le battage, le tamisage, le trie et, en de rares occasions, l’exploitation minière proprement dite », argue-t-elle.

Dans les zones d’exploitation minière, les femmes sont également actives dans la fourniture de biens (produits alimentaires), vente d’équipements artisanaux et de services (transport de la terre), des minerais, des particules de minerais et de l’eau, nettoyage, blanchisserie, prostitution).

Membre du Conseil d’administration de la Coalition Publiez Ce Que Vous payez section sénégalaise, une organisation de la société civile qui prône une gouvernance transparente et inclusive dans les industries extractive, Boubacar Tamba appelle les autorités à soutenir les filles à travers des bourses d’excellence pour s’inscrire dans les filières scientifiques afin de faire des formations sur les métiers des industries minières et lutter contre les inégalités de genre.

« C’est déplorable. Il y a un plaidoyer à faire pour que les filles puissent s’inscrire davantage dans les filières scientifiques et techniques. Il faut les encourager en mettant à leur disposition des bourses d’excellence pour encourager les meilleures jeunes filles des collèges et lycées à embarrasser les filières scientifiques afin d’augmenter la présence des femmes dans le secteur extractif », propose-t-il.

Les cellules genres des ministères, une alternative

En 2013, le ministère des Mines et de la Géologie avait mis en place une cellule genre pour veiller à l’intégration systématique de l’approche genre dans la planification, la programmation et la budgétisation sensible au genre des projets et programmes du Ministère ; ce qui permet de prendre en charge les besoins spécifiques des hommes et des femmes dans les interventions du Ministère. « Des avancées ont été notées. Parmi les quatre Directeurs généraux que comporte le département, deux (50%) sont dirigés par des femmes. Au niveau des cellules internes du ministère le leadership est en faveur des femmes », confirme Léna Diédhiou Goudiaby.

Sur les six cellules existantes au Ministère, cinq sont dirigées par des femmes, soit 83,33% pour les femmes contre 16,67% pour les hommes. Au niveau de l’orpaillage, les femmes ont de plus en plus la possibilité de bénéficier de titres miniers à l’instar des hommes. En 2021 les femmes ont bénéficié de deux titres sur un total de 85 délivrés, soit 2,3%. En 2022, 55 titres sont délivrés au total dont cinq pour les femmes, soit 9%. Ces résultats ont été obtenus grâce aux plaidoyers de la cellule genre du ministère des Mines et de la Géologie.

« Si certaines femmes arrivent ou sont arrivées à surmonter les obstacles discriminatoires, elles doivent être encouragées et soutenues. Les politiques doivent promouvoir et supporter les modèles positifs de femmes leaders pour (…) le changement des mentalités et des comportements concernant les normes sociales dégradantes, notamment la mauvaise perception des qualités relationnelles des femmes », a lancée la Directrice Exécutive de l’Ong PWA.

Géologue de formation, la présidente de Women In Mining, n’a ménagé aucun effort pour créer une grande surprise dans un milieu jadis considéré comme zone réservée aux hommes. Aujourd’hui, avec l’exploitation du pétrole, elle se félicite du courage et de la détermination des femmes qui montrent la voie aux générations futures.

« À mes débuts, évoluer dans un milieu à prédominance masculin n’était pas sans défis. J’étais souvent la seule femme sur le terrain, et il a fallu briser de nombreuses barrières pour matérialiser ma passion », se souvient Madame Aida Diop lors de la journée internationale des femmes dans le secteur minier, ce samedi 15 juin sur sa page Linkedin. « Ces expériences ont forgé ma détermination et mon engagement à contribuer à la préparation des jeunes filles. Aujourd’hui, alors que le Sénégal célèbre son premier pétrole, je suis fière de voir tant de femmes brillantes et résilientes continuer à ouvrir la voie pour les générations futures », se réjouit-elle.

Le rôle de la société civile

Le Projet Voix et Leadership des Femmes au Sénégal (VLF-Sénégal), financé par le Gouvernement du Canada par l’organisation Affaires mondiales Canada et mis en œuvre par le CECI, a misé sur le plaidoyer pour l’implication des femmes dans les instances de gouvernance du secteur extractif. Il a impliqué 25 organisations de la société civile de femmes dans ce plaidoyer et a réussi à intégrer WIM-Sénégal dans l’initiative pour la Transparence dans les Industries extractives (Itie-Sénégal). « Nous avons eu un succès, car le fait que WIM-Sénégal et deux autres organisations de femmes soient dans l’ITIE est déjà une grande réalisation », s’est félicitée Woré Ndiaye qui assurait le pilotage du projet VLF-Sénégal de 2019 à 2023.

Créé en octobre 2012, le réseau Women In Mining (WIM-Sénégal) vise à mettre en réseau les femmes du secteur des mines au Sénégal et de faire la promotion du leadership féminin. L’organisation a mis en place en 2015 les girls for mining, des jeunes filles intéressées à la filière scientifique et au secteur pour s’y prendre très tôt. En 2020, Women In Mining Sénégal a initié une étude de faisabilité d’un indice genre dans le secteur extractif au Sénégal. L’indice de genre dans le secteur extractif a pour but de rendre compte de la situation des femmes dans le secteur et des progrès à faire dans l’amélioration de leurs conditions d’existence. « Women in Mining Sénégal a beaucoup fait pour cela en allant dans le développement de l’indice genre et l’intégration du genre dans le Code minier de 2016 », a dit Woré Ndiaye.

Le rapport Wim Index(2021) sur l’exploitation minière à Kédougou met en lumière l’inégalité des revenus dans les mines artisanales, en particulier l’inégalité défavorable aux femmes, avec un score de 66/100. Il souligne que les hommes gagnent 1,5 fois plus que les femmes dans ce secteur, en raison de leur accès limité aux fonctions les mieux rémunérées.

Selon le rapport, les causes des disparités entre les hommes et les femmes peuvent être expliquées par « le plus souvent, les femmes sont cantonnées aux activités se rapportant à leurs tâches domestiques tel le puisage, le balayage, le tamisage, le lavage et le filtrage à la recherche de résidus d’or que les hommes ont laissé derrière eux ou que les eaux ont entraîné dans un cours d’eau. Elles ont du mal à avancer dans les rôles et responsabilités qui nécessitent du capital parce qu’elles dépensent le plus souvent les revenus tirés de l’orpaillage dans l’éducation des enfants et dans l’alimentation de la famille, contrairement aux hommes, plus enclins à investir une partie de leurs revenus dans des actifs physiques ».

Le rapport a recommandé à WIM-Sénégal de « (i) créer des cadres de discussion et de partage des résultats de l’indice entre les entreprises minières, les décideurs et les communautés pour faciliter la coordination dans la mise en œuvre des politiques publiques et privées, (ii) développer des partenariats avec les entreprises minières, l’ITIE, les associations d’entrepreneurs et les collectivités territoriales afin de collecter plus facilement des données désagrégées selon le genre pour tous les indicateurs de l’indice et (iii) de bâtir des coalitions fortes et mobiliser les acteurs autour d’une alliance stratégique pour sensibiliser les décideurs et parties prenantes sur les enjeux et l’importance de l’utilisation des données de l’indice ».

En valeur absolue, le nombre de femmes employées dans le secteur extractif est passé de 687 en 2018 à 740 en 2022, soit une hausse de 53 emplois. Cette évolution est le résultat des activités de plaidoiries et d’orientation des Organisations de la Société Civile (OSC) et des associations qui défendent les intérêts des femmes.

« Les organisations de la société civile tels que Women In Mining, Association des Juristes du Sénégal, Publiez Ce Que Vous Payez, Réseau Siggil Jigeen ont fait beaucoup d’effort pour promouvoir l’égalité des chances dans le secteur extractif et dans d’autres secteurs. Durant ces cinq dernières années, WIM et PCQVP ont fait énormément d’efforts pour réduire les inégalités, a expliqué Monsieur Seydi. Le travail des Organisations de la Société Civile se limite à donner des orientations, à faire des plaidoyers pour changer les pratiques et les lois du pays pour accroître la part des femmes dans les emplois créés ».

Selon Demba Seydi, même si les OSC n’ont pas réussi à atteindre l’égalité des sexes dans le secteur extractif, elles ont quand même réussi à renforcer leurs présences en termes de nombres entre le lancement des premiers plaidoyers et aujourd’hui.

L’engagement du Sénégal pour la promotion des femmes dans le secteur extractif se traduit par l’implication des femmes dans plusieurs instances de décision des institutions publiques du Sénégal. A l’ITIE-Sénégal, le Groupe Multipartite est quasi égalitaire. L’ITIE a été dirigée par deux femmes (Awa Marie Coll Seck de 2019 à 2024 et Oulimata Sarr qui a été directrice régionale du bureau d’ONU Femmes pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale, chargée de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes.

« L’Etat doit promouvoir des politiques et des lois pour permettre aux femmes d’y accéder », relève Demba Seydi.

L’objectif des Organisations de la société civile et particulièrement celles qui militent pour une plus grande place de la femme dans le secteur extractif est une meilleure prise en compte des besoins des femmes qui sont dans les entreprises minières et pétrolières. Pour y arriver, elles comptent sur des initiatives de coaching plus accrues des jeunes filles pour les encourager à intégrer le secteur et une préparation en amont lors de leur formation.

« Plus de femmes dans le secteur extractif, c’est aussi plus de femmes dans les instances de gouvernance, dans la partie RSE des entreprises du secteur ; un respect plus accru des communautés dans lesquelles ces secteurs évoluent avec un accent mis sur les besoins sexo-spécifiques des communautés. Plus de femmes dans le secteur aiderait aussi à s’assurer d’une bonne représentation des femmes dans le contenu local et que les retombées de ce secteur profitent aux communautés, avec un accent mis sur les femmes et les jeunes. C’est aussi plus de femmes dans les mécanismes de prévention et de gestion des conflits dans les zones extractives, plus de femmes dans la stabilisation des tensions sociales dans ces zones, des femmes médiatrices à tous les niveaux pour apaiser ces conflits », prédit Woré Ndiaye.

Par Oumar BA (weerbijournal@gmail.com)

Production réalisée dans le cadre du programme de formation en journalisme de données organisée par Ejicom et ses partenaires.

By Oumar

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