Le président du Think Thank Legs Africa a soutenu, mercredi 30 octobre à Gorée, que la publication du rapport sur la production du pétrole du projet Sangomar est insuffisant pour le respect des clauses de transparence.
Le Ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines du Sénégal (MEPM) a procédé lundi 28 octobre à la publication du rapport de production de pétrole du projet Sangomar. Cette information a attiré l’attention des acteurs de la société civile sénégalaise qui s’active pour la transparence dans le secteur extractif. Selon eux, le processus de la production du document n’est pas inclusif et beaucoup d’informations n’ont pas été partagées pour permettre aux citoyens de disposer de toutes les données sur la chaine de valeur de la production du pétrole du projet Sangomar.
Quatre mois après les premières productions du pétrole du projet Sangomar, développé par l’opérateur Woodside Energy et Groupe Pétrosen, le Ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines a rendu public le rapport de production de pétrole par le projet Sangomar. Sur les huit cargaisons enlevées, le Sénégal a réussi à produire entre juin et septembre 7,69 millions de barils de pétrole brut (volume déchargé). La production totale récupérée (volume estimé) est de 8,17 millions de barils.
« C’est une excellente performance. Les puits ont délivré les débits prévus et les différents équipements ont fonctionné correctement », a confié le Directeur Général de Petrosen Exploration et Production.
Le président de Legs Africa a déploré le manque d’informations sur les productions quotidiennes qui peuvent remettre en cause la transparence dans le secteur des hydrocarbures. « On prend acte de cette information qui est rendue publique mais qui ne suffit pas si on veut rester dans les clauses de transparence. D’abord, le ministère lui-même a la responsabilité d’informer les Sénégalais et l’information doit être beaucoup plus exhaustive et non seulement sur la quantité produite. Elle doit être beaucoup plus détaillée sur l’évolution des productions journalières par rapport aux objectifs fixés et surtout aux projections qui ont été faites », a expliqué Elimane Haby Kane.
Les statistiques sur la production du pétrole permettent aux citoyens, organisations de la société civile et autres acteurs du secteur de disposer des données sur la destination du pétrole, les prix, les conditions d’acquisition et les revenus estimés par la production. D’autant plus que le Sénégal a adopté la stratégie de partage de production. « Les barils produits sont-ils stockés ou déjà sur le marché. Si c’est le cas, où, comment et quels revenus ont-ils générés et aujourd’hui comment ces revenus ont été utilisés », s’est interrogé Monsieur Kane.
Le nombre de puits actifs est de 11 sur 12. Les 7,69 millions de barils de pétrole brut représentent le volume commercialisé, selon le ministère, sur le marché international à partir du FPSO Leopold Sédar Senghor.
« Cette commercialisation permet à l’Etat du Sénégal de faire connaître le pétrole sénégalais sur le marché international et à Petrosen de renforcer ses capacités », a expliqué Thierno Seydou Ly, Directeur Général de Petrosen E&P.
Le Sénégal est devenu membre de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries extractives depuis 2013. L’ITIE est une norme internationale qui vise à améliorer la transparence dans la gestion des revenus tirés de l’extraction des ressources minières, gazières, pétrolières. Pour respecter les exigences de la norme ITIE, Monsieur Kane invite le Ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines à mettre en place un mécanisme pour permettre aux citoyens d’avoir les informations en temps réel. « Le ministère en charge des hydrocarbures ou toute organisation stratégique comme le Cos Petrogaz ou Petrosen qui représentent l’État du Sénégal dans le consortium doivent avoir un mécanisme direct d’informations et permanent, un espace virtuel où chaque citoyen qui veut s’informer peut trouver toutes les informations dont il a besoin », a-t-il soutenu.
Depuis 2013, ITIE-Sénégal produit chaque année un rapport sur le secteur extractif au Sénégal. Le dernier rapport ne prend en compte que 26 entreprises du secteur alors que plus de 200 entreprises s’activent au Sénégal. Ce qui ne permet pas aux personnes intéressées au secteur extractif sénégalais d’avoir des informations en temps réel sur le déroulement des opérations, les quantités produites, les dépenses engagées et les revenus attendus.
C’est au moi d’août que le projet a atteint son plus haut niveau avec 2,87 millions de barils de pétrole brut. En septembre, la production a enregistré une baisse. Elle est estimée à 2,84 millions de barils. « Dans cette phase de démarrage, la production mensuelle a progressivement augmenté avec l’ouverture séquencée des puits producteurs (11 actifs sur 12) jusqu’à avoisiner un plateau autour de 3 millions de barils par mois en août et septembre », peut-on lire dans le communiqué du ministère.
Selon la même source, les prévisions de production pour l’année 2024 restent inchangées avec un objectif de maintien du plateau de 100 000 barils par jour au courant du quatrième trimestre.
Oumar Ba (weerbijournal@gmail.com)